BINAVIBE
Cet été, avec nos quatre filles, nous nous lançons dans l’aventure de traverser les Alpes à pied, en suivant le GR5, de Saint-Gingolph en France jusqu’à la Méditerranée à Menton. C’était notre plan initial, mais comme vous allez le voir, l’itinéraire s’est adapté aux circonstances du voyage. Nous quittons parfois le GR5 pour adapter notre parcours, et c’est finalement à Nice, sur la Promenade des Anglais, que nous terminons notre périple.
Ce n’est pas juste une randonnée ni un exploit sportif, mais un véritable défi familial. Chaque jour, nous parcourons plusieurs kilomètres, franchissons des cols, et portons nos sacs à dos tout en nous adaptant aux besoins de nos enfants. Malgré la fatigue et les imprévus, nous profitons des paysages époustouflants et partageons des moments inoubliables en famille.
Cette aventure nous apprend également à gérer les imprévus, qu’il s’agisse de transporter notre matériel, de faire face à une météo capricieuse ou de passer des nuits sous tente. Ce n’est pas toujours facile, surtout avec les enfants, mais nous trouvons un rythme qui nous permet d’avancer, étape par étape. Arriver à la Méditerranée est un immense soulagement, une grande fierté après tout ce chemin parcouru. Cette traversée nous soude, nous montrant que, bien préparés et solidaires, tout devient possible.
La journée commence à 6h15, avec une excitation palpable au sein de la famille. Après un moment symbolique au bord du Lac Léman pour marquer le début de notre aventure, c’est à 7h00 précises que nous quittons la civilisation en nous dirigeant vers les hauteurs de Saint-Gingolph.
Le chemin serpente à travers les forêts, et après quelques kilomètres, nous traversons le petit village de Novel, connu pour être l’une des plus petites communes de Haute-Savoie, avec seulement 50 habitants. Nous faisons une pause déjeuner aux chalets de Neuteu, à 1681 mètres d’altitude, après avoir franchi une montée difficile.
Le vrai défi de la journée commence à l’approche du Col de Bise, culminant à 1915 mètres. Le chemin escarpé demande beaucoup d’efforts, et la fatigue se fait sentir, surtout chez les plus jeunes. Cependant, l’arrivée au col nous offre une vue spectaculaire sur le Lac Léman, une récompense qui ravit toute la famille. Pendant l’ascension, nous avons la chance de voir nos premiers bouquetins, un moment magique qui captive particulièrement les filles. Il y a tout un troupeau.
Dès les premiers kilomètres, on comprend vite que le Wheelie, prévu pour aider Sue en cas de fatigue, n’est pas du tout adapté à ce terrain. Les sentiers sont trop escarpés et caillouteux, rendant son utilisation très compliquée, surtout dans les montées. Le Wheelie devient un fardeau qu’on doit porter à deux en permanence. Olivia se relaye avec moi (Virginie) et Benoît pour aider à le transporter. Mais le pire reste la descente raide du Col de Bise, où il faut faire extrêmement attention à ne pas tomber.
Chaque pas est éprouvant, et cette vigilance constante rend l’effort encore plus intense. Finalement, nous réalisons qu’il sera impossible de continuer avec, et nous décidons de l’abandonner après cette journée. Advienne que pourra !
Nous avions prévu de descendre jusqu’au Chalet de Bise pour la nuit, mais la fatigue est trop intense. Nous décidons donc de planter nos tentes à quelques centaines de mètres de là, dans l’alpage, entourés des vaches et des sons apaisants de la nature. Avec le recul, nous aurions peut-être dû nous arrêter un peu plus tôt, au Chalet de Neuteu. Ce premier jour, avec le plus de dénivelé de toute la traversée, nous permet de prendre la mesure de l’aventure qui nous attend. La vue incroyable et l’atmosphère paisible du soir clôturent cette première journée éprouvante mais inoubliable.
Wheelie, c’est notre fidèle chariot de randonnée. Acheté en 2021 chez Radical Design, il nous a déjà bien accompagné lors de la traversée d’une partie de la France sur les chemins de Compostelle. Initialement conçu pour transporter nos bagages, il est rapidement devenu notre allié incontournable pour soulager Sue, et parfois Yoko, lorsque la fatigue commence à se faire sentir.
Nous commençons la journée en quittant l’alpage de Bise, encore un peu fatigués de la veille. Après un chocolat chaud réconfortant au Chalet de Bise, nous décidons de laisser le Wheelie sur place. Avec les sentiers trop escarpés et techniques, il est clairement inadapté. Ce soulagement nous permet de continuer sans ce poids supplémentaire.
Nous entamons ensuite l’ascension vers le Pas de la Bosse, à 1816 mètres d’altitude. La montée est difficile, mais une fois en haut, la vue sur les Cornettes de Bise et la vallée en contrebas est incroyable. Nous faisons une pause pour déjeuner au sommet, et Yoko s’amuse avec des bulles, un jouet qu’elle a reçu dans son repas lyophilisé Tactical Food Pack. Cela apporte un peu de légèreté à cette journée d’efforts.
La descente depuis le Pas de la Bosse est interminable et particulièrement éprouvante. Le chemin raide et rocailleux vers les Chalets de Chevenne nous demande de rester très vigilants pour éviter les chutes. Arrivés au parking des chalets, nous trouvons un endroit parfait pour notre bivouac, près d’une rivière. Toute la famille peut se laver dans l’eau fraîche, un vrai moment de détente après ces heures de marche difficiles.
En fin de soirée, nous avons une belle surprise : un reportage sur notre famille et notre traversée des Alpes est diffusé au journal télévisé de RTL Belgique. Voir notre aventure partagée à la télévision est un moment de fierté et de motivation supplémentaire pour la suite de notre périple.
Nous commençons la journée en quittant notre bivouac près du Chalet de Chevenne. Après une nuit plutôt reposante, nous faisons une halte à La Chapelle d’Abondance pour acheter de quoi tenir plusieurs jours, en plus de nos provisions lyophilisées. Avec cette autonomie, nous savons que nous pourrons avancer sans nous inquiéter du ravitaillement. Un petit café pris sur place nous donne l’énergie nécessaire pour continuer.
En route vers le lieu-dit Bayard, nous nous amusons à faire le lien avec le cheval Bayard de Namur. « Sommes-nous de retour en Belgique ? »
Arrivés à Les Crottes, nous faisons une pause déjeuner. Nous sortons nos repas lyophilisés, tout en profitant du soleil pour remettre à sécher notre linge lavé la veille, qui n’avait pas encore séché.
Notre ascension se poursuit jusqu’au Chalet de la Torrens, mais nous sommes un peu inquiets en arrivant à proximité des cochons qui y vivent. L’idée de bivouaquer près d’eux ne nous rassure pas du tout. En plus, le terrain est accidenté et il n’y a pas vraiment d’endroit plat pour poser nos tentes. Après un rapide débat, nous décidons de continuer la route.
Nous franchissons un col, mais juste après, l’orage éclate sans prévenir. La pluie commence à tomber en rafales, rendant la descente particulièrement glissante. Mais il n’est pas question de rester au col avec l’orage. Mes pieds me font de plus en plus mal, chaque pas devient difficile, tandis qu’Olivia et Jill, toujours pleines d’énergie, courent presque jusqu’à la Ferme de l’Etrye pour voir si nous pouvons y trouver refuge.
Lorsque nous arrivons enfin à la ferme, le fermier nous accueille chaleureusement. Les filles sont fascinées par la fabrication du lait et posent des tas de questions. Le fermier, dans sa grande gentillesse, nous offre une bouteille de lait frais et du beurre qu’il vient de préparer. Nous savourons tout cela avec le reste de la baguette achetée le matin. Ce petit festin nous réconforte après cette longue journée.
Nous finissons par installer notre camp près de la ferme pour la nuit, reconnaissants de cet abri après les péripéties de la journée, et prêts à reprendre la route le lendemain.
Ce matin, nous sommes réveillés par le passage des vaches du fermier autour de nos tentes. Nous devons faire attention à ce qu’elles ne repartent pas avec une chaussette ou ne piétinent nos affaires. Une fois tout rangé, nous partons en direction du Col de Bassachaux, un sentier magnifique mais qui commence à se faire sentir dans les jambes.
En montant, nous ne croisons plus de troupeaux, mais de plus en plus de randonneurs et surtout de nombreux VTTistes. Le sentier est parfois partagé avec eux, ce qui demande une certaine vigilance. La montée vers le Col de Chésery semble interminable. En chemin, nous rencontrons des randonneurs qui ramassent des plantes comestibles et, super sympas, ils expliquent leur utilisation aux deux grandes. Cette pause conversationnelle nous redonne un peu d’énergie pour continuer.
Arrivés enfin au Col de Chésery (1990 m), nous faisons une pause bien méritée au Lac Vert, qui se trouve juste à côté du refuge. Contrairement à son nom, le lac n’est pas vraiment vert, mais ses eaux claires et l’environnement paisible en font un lieu parfait pour se reposer après une journée difficile. Nous nous installons au bord du lac pour reprendre des forces et profiter du calme.
Le refuge nous informe que nous ne pouvons pas planter notre tente au bord du lac, mais nous indique un endroit un peu plus éloigné, à environ 50 mètres, où il est possible de bivouaquer. Cependant, il nous prévient de faire attention aux renards qui rôdent souvent autour des campements. Après avoir attendu un peu et profité du cadre apaisant, nous finissons par monter nos tentes à l’endroit autorisé.
La nuit au Lac de Chésery a été tout sauf reposante. Nous avons passé une bonne partie de la nuit à jouer au chat et à la souris avec un renard, qui a tenté à plusieurs reprises de voler notre nourriture. Heureusement, il s’est d’abord attaqué à la poubelle, ce qui nous a permis de réagir rapidement en rentrant nos affaires dans la tente. Malgré tout, le renard n’était pas du tout effrayé et continuait à farfouiller autour de nos tentes, ce qui nous a tenus en alerte une bonne partie de la nuit.
La journée commence sous un ciel dégagé, mais la chaleur se fait rapidement ressentir, ce qui rend la montée encore plus éprouvante. Sue, pour se motiver, vide peu à peu le pot de petits bonbons vosgiens que j’avais apporté. Ils deviennent son carburant pour avancer, malgré la difficulté du sentier.
Le chemin nous mène à travers une région magnifique, bien que marquée par la présence de nombreuses remontées mécaniques qui nous rappellent l’importance du tourisme hivernal ici. Nous avançons sous un soleil de plomb, et la montée vers le Col de Coux devient presque interminable avec cette chaleur étouffante. Les paysages sont splendides, mais la fatigue s’installe peu à peu.
Arrivés au Col de Coux (1921 mètres), situé à la frontière entre la France et la Suisse, nous prenons un moment pour admirer la vue exceptionnelle sur les montagnes environnantes, notamment les Dents du Midi. La chaleur rend cet effort encore plus intense, mais nous continuons malgré tout. Une fois le col passé, nous redescendons, et Sue et Yoko retrouvent de l’énergie dans la descente.
C’est au milieu de nulle part, à côté d’un sous-bois, que nous décidons de planter nos tentes pour la nuit. Le calme est absolu, contrastant avec la journée fatigante que nous venons de vivre.
Après une nuit tranquille au milieu de nulle part, nous repartons en direction du Col de la Golèse. La matinée débute sous un ciel dégagé, et nous marchons à travers les magnifiques prairies alpines de l’Alpage de Chardonnière, avec ses vastes pâturages en forme de fer à cheval, nichés sous la Bonnevallette. Le paysage est magnifique, mais la montée est rude et la chaleur se fait rapidement sentir.
Nous atteignons enfin le Col de la Golèse (1671 mètres), fatigués mais ravis de la vue incroyable qui s’étend devant nous. Le refuge du col nous offre une pause bien méritée. Nous savourons tous un délicieux chocolat chaud accompagné de crêpes pour reprendre des forces. Les filles sont aux anges, et ce petit moment de réconfort nous aide à continuer.
Nous reprenons la route en direction de Samoëns, et la descente se fait sous un soleil de plomb. Le chemin devient plus difficile à mesure que nous avançons, avec des passages rocailleux. La fatigue se fait sentir, surtout après une journée de marche intense sous la chaleur.
En arrivant dans la vallée, nous cherchons un endroit pour planter nos tentes. Après avoir demandé à plusieurs maisons, nous sommes accueillis par une charmante dame et son fils, qui nous offrent généreusement de planter nos tentes dans leur jardin. Ils nous proposent même une douche et de faire une lessive, un luxe après plusieurs jours de randonnée. Les filles sont enchantées, surtout Yoko, qui découvre leur immense bibliothèque de livres pour enfants, une vraie bénédiction pour elle.
Cette hospitalité tombe à point nommé après cette longue journée. Nous montons nos tentes dans le jardin attenant, et tout le monde se détend après avoir pris une douche bien méritée.
Aujourd’hui marque notre septième jour de randonnée. Après une nuit réparatrice et des vêtements propres, nous nous sentons prêts à affronter la journée, malgré la chaleur qui s’annonce intense. Nous quittons Samoëns avec le moral au beau fixe, après un petit-déjeuner de croissants et de pains au chocolat. L’air est frais ce matin, mais la canicule ne tarde pas à s’installer.
Le sentier nous mène à travers Morillon, un village alpin pittoresque, avec des chemins relativement plats qui facilitent notre progression. Nous faisons quelques pauses à l’ombre pour éviter les effets de la chaleur, qui monte rapidement en milieu de journée. Après plusieurs heures de marche, nous arrivons à Châtillon-sur-Cluses, où nous décidons de faire une pause bien méritée.
Nous nous arrêtons dans une petite pizzeria équipée d’un distributeur automatique de pizzas. Les filles sont ravies de cette pause imprévue, et les pizzas, étonnamment bonnes, sont dévorées avec appétit. Pendant ce temps, Benoît en profite pour capter un peu de Wi-Fi à l’auberge voisine et uploader les vidéos du jour. La chaleur est écrasante, mais ce moment de détente nous permet de reprendre des forces avant de repartir.
En fin de journée, après plusieurs kilomètres supplémentaires sous un soleil brûlant, nous sommes accueillis par un charmant monsieur près d’une ferme. Il nous propose de planter nos tentes à côté, un geste de générosité qui reste gravé dans nos mémoires. Les filles sont enchantées de cette rencontre, et cette hospitalité rend la journée encore plus spéciale. Ce moment de partage sera sans doute l’une des rencontres mémorables de cette traversée.
Nous finissons la journée dans la tranquillité, installés pour la nuit près de cette ferme, avec un sentiment de gratitude envers cet homme qui a marqué cette étape de notre aventure.
Après avoir quitté notre charmant hôte près de la ferme, où nous avons passé une nuit mémorable, nous entamons la journée avec l’objectif de rejoindre Sallanches. La chaleur est déjà bien présente, avec des températures avoisinant les 30°C, et des orages sont annoncés pour l’après-midi. C’est cette prévision orageuse qui nous pousse à éviter le col du Brévent sur le GR5, car ce passage, plus difficile, pourrait devenir dangereux dans ces conditions.
Nous suivons la voie verte, un sentier cyclable et pédestre qui nous offre une vue dégagée sur les montagnes, y compris quelques aperçus du Mont Blanc au loin. Le soleil tape fort, et nous faisons plusieurs pauses à l’ombre des arbres pour nous protéger de la chaleur. Le chemin est plat, ce qui facilite la marche, même si la chaleur reste éprouvante.
Vers midi, nous trouvons un coin ombragé près de la rivière pour un déjeuner composé d’avocat, feta, raisins secs, et saucisson. C’est un moment de répit bienvenu après les kilomètres déjà parcourus sous un soleil écrasant. Malgré la menace d’orages, la pluie ne tombe finalement pas, et nous poursuivons notre route sous une chaleur encore lourde.
En fin de journée, nous atteignons Sallanches et montons nos tentes autour du lac. Nous devons être discrets, car le bivouac n’est pas officiellement autorisé dans cette zone. Cependant, l’endroit est magnifique et la baignade dans le lac est un véritable soulagement après une journée aussi chaude.
Ce matin, nous nous remettons en route après une nuit éprouvante sous la tente. C’était la première fois que nous faisions face à un orage en pleine nuit, et je dois avouer que j’ai eu très peur. Être sous la tente, avec la pluie battante et les éclairs qui illuminaient le ciel, n’a rien de rassurant, surtout quand on réalise qu’on n’est pas à la distance recommandée d’un point d’eau en cas d’orage. J’ai même envisagé, à un moment, de contacter les pompiers pour nous évacuer, mais en suivant l’évolution de la météo sur notre application, nous avons décidé de patienter. L’orage s’est finalement dissipé, mais la peur, elle, est restée.
Au matin, tout est encore trempé. Rien n’a séché durant la nuit : nos vêtements pleins de transpiration de la veille, nos serviettes mouillées après la baignade… Il n’y a rien de pire que d’enfiler des habits humides dès le matin, et toute la famille le ressent. C’était aussi une bonne décision d’avoir évité le col du Brévent avec l’orage annoncé, un passage qui aurait été beaucoup trop dangereux par ce temps. Mieux vaut rester prudent dans ces moments-là.
En quittant Sallanches, nous faisons une halte bienvenue dans un magasin pour acheter des chaussettes, car mes ampoules deviennent vraiment douloureuses. Avec de nouvelles chaussettes aux pieds, l’espoir de soulager un peu mes douleurs renaît. Nous nous installons dans l’herbe à côté du magasin pour un dîner improvisé. C’est là que Yoko goûte à des fleurs comestibles sur un fromage de chèvre pour la première fois, une découverte qui la fascine.
L’après-midi, la chaleur et l’humidité rendent la marche difficile. Nous passons par le charmant village des Amerands, où les chalets en bois et les rues paisibles offrent une jolie halte. Cependant, l’orage est de nouveau annoncé pour l’après-midi, ce qui nous pousse à accélérer le rythme pour atteindre Saint-Gervais-les-Bains.
En fin de journée, nous avons la chance de rencontrer un couple adorable à Saint-Gervais. Ils nous accueillent dans leur jardin et nous permettent de planter nos tentes pour la nuit. Leur hospitalité est incroyable, et les filles sont ravies de faire la connaissance des jouets de leurs petits-enfants. Après une longue journée de marche, ce moment de convivialité est un vrai réconfort. Nous savourons une bonne pizza et, sous la tente, nous écoutons à nouveau la pluie tomber, mais cette fois, sans la peur des orages de la veille.
Demain, c’est une journée spéciale pour moi : c’est mon anniversaire, et je suis prête à célébrer cette étape avec ma famille, en plein cœur de notre aventure alpine.
Jour 10 – 3 août 2024 : De Saint-Gervais-les-Bains à Contamines-Montjoie
Aujourd’hui, nous quittons Saint-Gervais-les-Bains après une nuit marquée par une forte pluie. Il est 8h, et malgré le réveil humide, tout le monde se met en route pour une journée plus facile. Avant de partir, nous faisons un arrêt à la boulangerie du village. À notre grande surprise, la boulangère, une de nos abonnées, offre des sucettes aux filles, ce qui fait démarrer la journée sur une note joyeuse.
Notre objectif est Contamines-Montjoie, un village de montagne très touristique, mais avant cela, nous passons par de beaux sentiers ombragés, entourés de sapins et de conifères. La montée est douce, environ 250 mètres, et la température est agréable grâce aux orages de la veille.
À midi, nous trouvons un charmant étang pour faire une pause déjeuner. Pendant que nous mangeons, nous en profitons pour faire sécher le linge qui est encore humide de la pluie et de la transpiration accumulée depuis plusieurs jours. Nous essayons de tout étendre pour que le soleil et l’air frais puissent enfin venir à bout de cette odeur de moisi qui commence à imprégner nos vêtements.
L’après-midi se déroule tranquillement. Nous continuons notre marche vers Contamines-Montjoie, un village très vivant et animé, surtout en été avec le passage du Tour du Mont-Blanc. Il y a tout ce qu’il faut ici : des supérettes, glaciers, crêperies, et même des restaurants.
Encore une fois, la chance est avec nous. Grâce à la famille rencontrée la veille à Saint-Gervais, qui avait déjà pris soin de nous, nous sommes accueillis dans le jardin d’un autre membre de la famille à Contamines-Montjoie.
Le soir, nous fêtons mon anniversaire avec une fondue au chocolat et des fruits lyophilisés. C’est simple, mais parfait après une journée de marche dans les montagnes, et je me sens comblée par cette petite célébration en famille.
Je réalise à quel point nous avons de la chance dans cette aventure, non seulement grâce aux paysages magnifiques, mais aussi grâce à la générosité des personnes que nous rencontrons chaque jour. C’est un véritable bonheur d’être accueillis avec autant de bienveillance après des journées éprouvantes.
Jour 11 – 4 août 2024 : De Contamines-Montjoie au Col de la Croix du Bonhomme
Nous quittons Contamines-Montjoie au petit matin. Il est 7h20, et la ville, si animée la veille, est maintenant plongée dans un silence apaisant. Même les cloches de l’église n’ont réveillé personne. C’est un moment rare et précieux, où la ville semble nous appartenir avant que l’agitation ne reprenne.
Avant de partir, je fais une petite marche pour me rendre aux toilettes publiques. Elles sont propres, bien entretenues, mais manquent de savon, ce qui est dommage. C’est étonnant de voir un tel niveau de propreté dans un village de montagne comme celui-ci, un peu comme les toilettes que nous avons tant appréciées en Corée et au Japon.
Ensuite, je rejoins la famille pour un rapide petit-déjeuner. Les filles sont toutes excitées à l’idée de prendre le télécabine, une première pour elles. Elles se lèvent rapidement, impatientes de vivre cette nouvelle expérience. Nous avons même droit à un petit-déjeuner gourmand avec des pains au chocolat, ce qui ajoute encore plus de plaisir à la matinée.
Le télécabine nous mène au départ de notre grande ascension vers le Col du Bonhomme. Depuis les hauteurs, nous avons une vue incroyable sur le Mont Blanc, même si la vitre un peu sale du télécabine ne nous permet pas d’en profiter pleinement. Le trajet en télécabine est un moment magique pour les filles, qui sont émerveillées par cette montée sans effort, bien loin des marches auxquelles elles sont habituées.
Une fois arrivés, la randonnée commence réellement. Nous atteignons le Refuge des Prés à la mi-journée, après environ 2 heures de marche. Le chemin est parsemé de gros cailloux qu’il faut parfois escalader, rendant la progression un peu lente mais stimulante. Nous faisons une pause pour manger et recharger nos forces avant d’attaquer la montée finale vers le Col de la Croix du Bonhomme.
L’après-midi est dédiée à cette ascension, plus technique et exigeante. La montée est raide et parfois dangereuse avec des passages étroits et des chutes de pierres possibles, mais les filles se montrent incroyablement courageuses. Les grandes aident les petites à franchir les obstacles, et leur calme et concentration me rendent extrêmement fière.
Le chemin est magnifique, mais la fatigue commence à se faire sentir. Alors que nous atteignons le col, nous entrons dans un véritable océan de nuages, enveloppant tout autour de nous. Les paysages deviennent mystiques, et bien que la montée ait été rude, l’atmosphère au sommet est incomparable.
Nous finissons par atteindre le Col de la Croix du Bonhomme vers 17h. Quelques minutes plus tard, nous arrivons au refuge où nous plantons nos tentes. Une fois installés, les filles réclament leur moment de détente : un dessin animé téléchargé spécialement pour elles. Après une journée aussi intense, elles méritent bien un peu de répit.
Ce soir, nous avons la chance de souper avec des personnes du monde entier — des Américains, des Japonais, des Irlandais. Au menu : de la crosiflette, une variante savoureuse de la tartiflette, où les traditionnels ingrédients de pommes de terre et de lardons sont revisités avec des crozets, ces petites pâtes carrées typiques de la Savoie, le tout gratiné avec du reblochon fondant. C’est un moment unique qui conclut parfaitement une journée riche en efforts, en émotions, et en beaux moments partagés en famille. Les filles, comme toujours, ont montré une force et une détermination incroyables tout au long de cette ascension.
Jour 12 – 5 août 2024 : Du Col de la Croix du Bonhomme à Bourg-Saint-Maurice
Nous nous réveillons dans la fraîcheur matinale du Col de la Croix du Bonhomme, à seulement 6°C. C’est un départ glacial, et je me réchauffe dans mon sac de couchage pendant que Benoît réclame son café. Les filles, quant à elles, sont déjà en forme et prêtes pour le petit-déjeuner à base de flocons d’avoine et de lait.
Le refuge où nous avons dormi la veille était plein à craquer, et je ne peux m’empêcher d’admirer le travail du personnel. Malgré le nombre de visiteurs, ils parviennent à maintenir une propreté relative dans les toilettes, même si cela contraste avec la propreté impeccable de Contamines-Montjoie.
Nous décidons de ne pas suivre le GR5 classique, car la crête raide serait trop dangereuse avec les enfants. À la place, nous optons pour une variante plus douce, qui fait partie du Tour du Mont-Blanc. Après avoir resserré nos chaussures, comme recommandé dans les commentaires reçus, nous entamons 2 heures de descente à travers des paysages à couper le souffle. Le sentier nous emmène progressivement vers Chapieux, où nous faisons une pause dîner (et oui, on est Belges, on dîne à midi et on soupe le soir !).
Je profite de la descente pour me confier sur un sentiment étrange. Bien que les paysages soient magnifiques, j’ai du mal à les apprécier pleinement à cause de la foule. Il y a tellement de monde sur le Tour du Mont-Blanc que je me surprends à rêver de solitude et de calme. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous nous détournons parfois des sentiers principaux. J’espère que les prochains jours seront plus tranquilles, lorsque nous quitterons ces itinéraires populaires.
En arrivant à Chapieux, nous faisons face à une problématique : le Parc de la Vanoise. Dans ce parc, le bivouac est interdit, et les refuges sont coûteux, à environ 300 € pour une famille de six personnes. Ce n’est pas une option viable pour nous, alors nous décidons de contourner le parc en empruntant des routes plus basses, qui nous mèneront jusqu’à Bourg-Saint-Maurice.
La route que nous empruntons est moins spectaculaire que les sentiers de montagne, mais elle nous permet de soulager nos pieds fatigués.
Vers la fin de la journée, nous faisons un arrêt improvisé dans un camping. Cette décision me fait me sentir un peu coupable. Après tout, nous sommes censés traverser les Alpes en mode bivouac, et le confort du camping me donne l’impression de tricher. Mais en même temps, la douche chaude et le lavage de vêtements sont une bénédiction pour toute la famille. Nous avons parcouru beaucoup de kilomètres, et ce petit moment de confort est bien mérité.
Les filles, quant à elles, ne montrent aucun signe de fatigue. Après une longue journée de marche, elles trouvent encore l’énergie d’aller sauter sur le trampoline du camping, prouvant une fois de plus leur incroyable endurance. Ce soir, nous nous endormons tous, propres et reposés, prêts à reprendre la route demain.
Jour 13 – 6 août 2024 : De Bourg-Saint-Maurice à Tignes et au Col de la Leisse
Ce matin, Benoît se lève tôt pour être le premier à accéder à la machine à laver du camping. Il y parvient à 7h et lance une lessive, heureux de ne pas avoir à attendre comme la veille, où la machine était constamment prise. Pendant ce temps, je me repose, mais Benoît décide de me faire plaisir en allant à la boulangerie chercher des pains au chocolat et des croissants. Un vrai bonheur pour démarrer la journée après une nuit de repos bien mérité.
Nous devons encore finaliser notre itinéraire, car la traversée du Parc de la Vanoise via le GR5 devient de plus en plus complexe. Les refuges sont trop éloignés les uns des autres pour que nous puissions les atteindre avec les enfants. Ainsi, nous décidons de prendre le bus jusqu’à Tignes pour rejoindre une variante du GR5, le GR55, plus adaptée à notre rythme.
Une fois à Tignes, l’ambiance est sereine et le temps est de notre côté. Nous entamons une légère ascension et trouvons un endroit où nous pourrons planter nos tentes plus tard, grâce à la gentillesse de ceux qui s’occupent d’un terrain de chevaux. Après avoir discuté avec l’Office du Tourisme et le Bureau des Guides de Tignes, ils nous conseillent fortement de ne pas perdre de temps et d’avancer autant que possible aujourd’hui. Ils nous alertent sur des orages possibles durant la nuit.
Nous reprenons la marche en direction du Col de la Leisse pour profiter au maximum de cette journée et pour être en sécurité avant la tempête. Les paysages sont splendides, et les enfants, pleins d’énergie, avancent avec enthousiasme. En chemin, nous avons la chance d’apercevoir une marmotte de près, un moment magique surtout pour Sue, qui en rêvait depuis le début.
En fin de journée, nous atteignons le Col de la Leisse. La température baisse, et il devient urgent de trouver un endroit pour planter nos tentes avant la tombée de la nuit. Heureusement, nous dénichons un petit coin d’herbe parfait pour cela. Demain, réveil à 6h pour lever le camp avant l’orage.
Jour 13 – 7 août 2024 : Du col de la Leisse au refuge du Plan du Lac
Ce matin, nous nous réveillons après une nuit très difficile, sous des températures froides avoisinant les 6°C, et une pluie battante qui a commencé vers 6h30. Le vent souffle fort, atteignant 25 km/h, rendant le départ de nos tentes particulièrement éprouvant. Malgré tout, nous faisons de notre mieux pour permettre aux enfants de dormir un peu plus longtemps, surtout que Sue continue de se reposer.
Je (Virginie) me sens extrêmement fatiguée. Hier soir, j’ai été malade, probablement à cause de l’altitude ou de quelque chose que j’ai mangé. Pour la première fois depuis le début de notre aventure, j’ai passé une très mauvaise nuit. À force de me réveiller toutes les heures, la fatigue s’est accumulée, et je n’ai quasiment pas dormi. Heureusement, les enfants gardent leur enthousiasme malgré la situation.
À 7h30, la pluie se calme enfin. Nous prenons la décision de sortir des tentes et de nous préparer pour la journée, en mettant nos vêtements de pluie dès le matin, car la météo annonce encore de fortes averses. Nous faisons une première pause pour déjeuner au Refuge de la Leisse, où nous savourons nos flocons d’avoine accompagnés d’un cacao bien chaud. La vue depuis le refuge est absolument magnifique, avec des montagnes qui s’étendent à perte de vue, et le ciel dégagé après la pluie nous permet de mieux apprécier les paysages.
Le refuge est particulièrement animé aujourd’hui. De nombreux randonneurs passent par ici, notamment ceux qui effectuent le Tour du Mont-Blanc ou le GR55, et l’atmosphère est conviviale malgré la fatigue générale. Après ce moment de répit, nous sommes prêts à reprendre la marche vers notre destination, le Refuge du Plan du Lac, que nous avons réservé et qui se trouve à environ 3h30 de marche.
La fatigue pèse sur tout le monde après une nuit aussi agitée et un réveil difficile. Néanmoins, les paysages spectaculaires de la Vanoise nous réconfortent. C’est un cadre vraiment unique, avec ses montagnes majestueuses et ses fleurs sauvages d’altitude. Nous sommes impressionnés par la diversité des couleurs, notamment des fleurs jaunes et bleues, et les marmottes se montrent parfois au détour du chemin, ce qui ravit les filles.
Pour réserver un bivouac au Refuge du Plan du Lac, il est essentiel de bien respecter les règles en vigueur dans le Parc National de la Vanoise. Le refuge propose des places en dortoir, mais il est également possible de bivouaquer à proximité, dans les zones autorisées. Les réservations peuvent se faire directement via le site internet du refuge ou par téléphone, surtout en haute saison où l’affluence est forte. Il est recommandé de réserver plusieurs jours à l’avance, surtout pour les familles nombreuses ou les groupes, car les places sont limitées. Le bivouac est autorisé entre 19h et 9h du matin, et uniquement à proximité immédiate du refuge. Il est possible d’accéder aux infrastructures du refuge, comme les sanitaires et le service de restauration, mais ces services peuvent être soumis à des frais supplémentaires.
Le parcours jusqu’au refuge se déroule sous des conditions météo très changeantes. Le froid nous surprend à plusieurs reprises, et nous devons souvent adapter notre rythme pour éviter les intempéries. Vers midi, nous faisons une pause bien méritée et profitons de la beauté des environs. Le Refuge du Plan du Lac apparaît comme une oasis après cette matinée éprouvante. Nous y arrivons enfin, épuisés mais heureux d’avoir réussi cette étape, malgré les conditions difficiles.
Jour 14 – 8 août 2024 : Du refuge du Plan du Lac à proximité de Modane
Nous entamons notre 15ème journée sur le GR5 dans des conditions idéales. Il est encore tôt, et je termine de plier la dernière tente pendant que Benoît s’affaire à ranger les sacs. Le paysage autour de nous est à couper le souffle, et je ne me lasse pas de ces panoramas grandioses du Parc de la Vanoise. Aujourd’hui, nous avons décidé de marcher principalement le matin, afin d’éviter les grosses chaleurs de midi. Une belle journée s’annonce avec un vent doux pour nous accompagner.
Avant de partir, nous faisons une halte dans un petit village pour prendre quelques provisions : pains au chocolat, baguettes et quelques gourmandises pour les enfants. Ils sont ravis, surtout Yoko, qui a déjà hâte de s’arrêter pour jouer dans un jardin. Le chemin est assez doux aujourd’hui, et après plusieurs jours de montées exigeantes, cela fait du bien de marcher sur un terrain plus plat et de profiter du beau temps.
Nous empruntons aujourd’hui une partie du Sentier du Petit Bonheur, un chemin enchanteur qui longe la vallée de la Maurienne. Ce sentier porte bien son nom, car il offre des vues splendides sur la vallée et les montagnes environnantes, tout en étant relativement accessible pour une randonnée en famille. En plus de ses panoramas grandioses, le chemin est bordé de fleurs alpines et traverse des forêts fraîches. À chaque tournant, nous découvrons un nouveau tableau de nature, entre les montagnes qui se dessinent à l’horizon et les rivières qui descendent doucement. Ce sentier est vraiment un bonheur à suivre, avec une diversité de paysages qui apaise et invite à la contemplation.
En tant que famille, marcher ensemble implique parfois des compromis. J’ai tendance à privilégier des itinéraires moins fatigants pour les enfants, tandis que Benoît, lui, aime suivre le tracé officiel du GR5 avec plus de rigueur. Cette divergence entraîne parfois des discussions, mais nous finissons toujours par trouver un équilibre qui nous convient à tous. Ce compromis nous permet d’apprécier pleinement chaque étape de notre aventure tout en veillant à ne pas épuiser les enfants.
En fin de journée, nous avons eu la chance de rencontrer un couple qui nous a conseillé un superbe endroit pour planter nos tentes. Le chemin pour y arriver a été plus long que prévu, mais cela en valait la peine. L’endroit est parfait pour notre bivouac : spacieux et plat, idéal pour une bonne nuit de repos. Fatigués mais heureux d’avoir bien avancé, nous installons notre campement avec un sentiment de satisfaction. La journée a été belle, et nous sommes prêts pour la suite de notre aventure vers la Méditerranée.
Jour 15 – 9 août 2024 : De Villarodin au Vallon de Tavernette
Ce matin, nous nous sommes réveillés avec l’objectif de passer une grande étape : quitter Modane et monter vers le col pour éviter les orages prévus dans les prochains jours. Benoît a malheureusement passé une mauvaise nuit à cause de son matelas dégonflé, et il va falloir le réparer au plus vite. Malgré cela, l’énergie de l’équipe est intacte pour ce 16ème jour de marche.
Pour commencer, nous avons fait du stop à Modane afin de monter au Parking du Lavoir, ce qui nous a permis de gagner un peu de temps et d’éviter une longue ascension dès le matin. C’était une décision sage, car cela nous a permis d’entamer la montée vers le col avec une avance confortable avant les orages. Une fois déposés au parking, nous avons gravi 618 mètres de dénivelé et parcouru un total de 13 kilomètres pour la journée. Le paysage était époustouflant, et très vite nous avons laissé derrière nous la vallée pour rejoindre des hauteurs plus impressionnantes.
Le point culminant de la journée a été notre arrivée dans les Hautes Alpes, marquée par la vue incroyable sur le Mont Thabor. Ce géant des Alpes domine l’horizon avec ses neiges éternelles et ses pentes escarpées. C’est un moment particulier pour nous, car cela symbolise notre progression dans notre traversée des Alpes. Le chemin, bien que raide par moments, nous a offert des vues majestueuses sur les vallées et les montagnes environnantes, parsemées de rivières cristallines et de pâturages verdoyants. Les enfants ont admiré les vaches paissant en contrebas, tandis que nous gravissions les dernières pentes.
Le sentier était parfois rude, en particulier pour Sue, qui a eu un moment difficile en perdant son bâton de marche. Mais grâce à la gentillesse d’un local qui lui a offert un nouveau bâton et un carambar, elle a retrouvé son sourire et sa motivation.
Nous avons fait plusieurs pauses, notamment à 2285 mètres d’altitude, juste avant le col, pour reprendre des forces avec une baguette bien méritée. La montée fut exigeante, mais les vues incroyables et la satisfaction de dépasser ces défis en famille ont largement compensé les difficultés.
Finalement, nous avons atteint le Vallon de Tavernette, un endroit idyllique entouré de montagnes et traversé par une rivière claire. C’est ici que nous avons planté nos tentes pour la nuit, entourés de vaches et de nature, prêts à affronter les orages prévus le lendemain. Après une journée bien remplie, nous avons apprécié un dîner bien mérité, avec nos plats lyophilisés favoris offerts par nos sponsors, avant de nous glisser dans nos tentes pour une nuit de repos.
Jour 16 – 10 août 2024 : De Villarodin à Plampinet
Nous commençons la journée après une nuit de repos bien mérité. Les enfants sont fatiguées, mais prêtes pour une nouvelle étape de notre aventure à travers les Alpes. Nous descendons de la vallée après avoir gravi de belles montagnes la veille. En route, nous nous arrêtons aux Granges de la Vallée Étroite, un refuge chaleureux, le Re-Magi, où l’on parle italien. Cela nous rappelle à quel point la frontière italienne est proche, et l’ambiance y est conviviale et détendue. Nous savourons un bon chocolat chaud, une pause qui nous redonne de l’énergie pour la suite de la journée.
Ensuite, nous reprenons notre marche. Un peu après le Chalet des Thures, nous optons pour un sentier peu fréquenté qui nous mène directement vers la Vallée de la Clarée. C’est un chemin magnifique, paisible et plein de charme, bien qu’il soit un peu plus exigeant que prévu pour les petites. Le paysage est spectaculaire, avec des vues imprenables sur les montagnes environnantes, et nous nous sentons à la fois isolés et connectés à la nature.
En rejoignant la départementale au niveau du col de l’Échelle, les petites commencent à montrer des signes de grande fatigue. Nous savons qu’il est impossible de planter notre tente ici, et les enfants sont à bout de forces. Nous décidons alors de faire du stop, et heureusement, nous trouvons une voiture qui nous amène jusqu’à Plampinet. Ce village paisible nous accueille avec ses belles maisons en pierre et ses prairies verdoyantes.
À Plampinet, nous avons trouvé un bel endroit pour passer la nuit, juste à côté de l’auberge où nous avons dîné. Le repas a été une véritable récompense après une journée éreintante : un délicieux spaghetti bolognaise que tout le monde a dévoré avec appétit. C’était un régal de savourer un repas chaud dans une ambiance si agréable.
Les filles, quant à elles, ont trouvé leur bonheur dans la petite bibliothèque de l’auberge. Elles ont passé la soirée à dévorer les livres qu’elles ont découverts, complètement absorbées par leurs lectures. Cela leur a offert un moment de calme et de détente bien mérité après les efforts physiques de la journée. La soirée s’est ainsi terminée dans une ambiance paisible et réconfortante, parfaite pour recharger les batteries avant de reprendre la route le lendemain.
Jour 17 – 11 août 2024 : De Plampinet à Briançon
Aujourd’hui, nous partons de Plampinet en suivant la splendide vallée de la Clarée. Le sentier longe la rivière, offrant des panoramas magnifiques sur les montagnes environnantes. Tout est calme, et la lumière du matin met en valeur la beauté des paysages. Nous avançons à bon rythme sous un ciel dégagé.
À midi, nous faisons une pause bien méritée à La Draye, où nous nous régalons en plein air. La vallée continue de nous offrir une vue époustouflante. Les enfants profitent de ce moment pour se détendre et jouer un peu avant de reprendre la marche.
Après le déjeuner, nous rejoignons à nouveau le GR5, ce fameux sentier qui traverse les Alpes. À mesure que nous approchons de Briançon, nous sentons l’atmosphère changer : la ville fortifiée se dessine à l’horizon. Il fait toujours aussi chaud, mais le chemin est relativement plat, ce qui facilite notre progression.
En arrivant à Briançon, la ville fortifiée nous impressionne par son architecture. Nous traversons ses ponts et gravissons ses ruelles jusqu’à la vieille ville, où nous prenons un moment pour apprécier les vues sur la vallée de la Durance.
Nous terminons la journée au Camping des Cinq Vallées, à quelques minutes à pied du centre-ville. L’accueil est chaleureux, et nous décidons d’y rester deux nuits. Avec la piscine chauffée et un abri pour nos tentes, l’endroit est idéal pour récupérer de notre longue marche. Demain, ce sera une journée off bien méritée, avec piscine et repos au programme pour toute la famille.
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Jour 21 – 14 août 2024 : De L’Argentière-la-Bessée à Guillestre
Nous reprenons la route après les difficultés des derniers jours, avec une marche tranquille pour ménager les enfants. Ce matin, nous avons eu une mésaventure en camping : on nous a volé l’une de nos Power Banks solaires pendant qu’elle était en charge dans les sanitaires. Heureusement, après un rapide tour dans le local technique, nous l’avons retrouvée cachée. Benoît a sévèrement réprimandé l’employé du camping qui avait pris l’objet, espérant que cela lui serve de leçon. Cet incident nous a retardés, mais une fois l’affaire résolue, nous nous remettons en route.
La journée est plutôt paisible, avec un chemin longeant la Durance, où nous empruntons de petites routes départementales presque désertes. Les enfants sont fatigués et encore convalescents après les troubles des derniers jours, donc nous avançons à un rythme modéré. Le but est de ménager les corps tout en profitant des paysages magnifiques que nous offre le parc national des Écrins.
Le chemin nous mène vers Guillestre, avec l’objectif de terminer la journée dans un camping que j’avais réservé à l’avance. Une piscine nous attend là-bas, une perspective qui motive les filles malgré la fatigue. Nous faisons plusieurs pauses en chemin, profitant du calme et de la beauté naturelle. Ça y est, c’est au tour de Yoko et moi de nous sentir mal. Après environ 13 km de marche, je fais du stop avec les deux plus jeunes pour les derniers kilomètres. Je vous avoue, j’ai eu peur de repeindre la voiture du gentil monsieur qui nous a pris.
Arrivés au camping, j’installe les tentes, et Yoko fait une sieste à l’ombre d’un arbre. À l’arrivée de Benoît, Olivia et Jill, c’est le soulagement, à mon tour de me reposer. Et c’est décidé, demain on reste au camping.
Jour 22 – 15 août 2024 : Guillestre
Ce matin, le réveil est accompagné de la fanfare locale à 7h, surprenant tout le camping. Malgré le bruit, tout le monde continue de somnoler un peu. Les enfants profitent du petit déjeuner, avec des gaufres aux pommes et des pains au chocolat pour bien commencer la journée.
La décision de prendre un jour de repos au camping est finalement actée. C’est une journée pour se ressourcer. Les filles passent du temps sur le château gonflable sous la supervision d’Olivia, tandis que Benoît fait une lessive à l’Intermarché voisin. Nous avons bien avancé jusqu’ici, mais la fatigue se fait sentir, surtout après 21 jours de marche.
Le moral des enfants reste bon malgré les courtes étapes que nous avons dû organiser pour ménager tout le monde. Aujourd’hui, nous profitons du mini-golf et de la piscine du camping. À ce stade, il reste encore environ 13 à 15 jours pour atteindre la Méditerranée, mais nous hésitons encore sur la destination finale : Nice ou Menton. Nice semble plus pratique pour repartir vers Genève en avion ou en train, mais Menton était initialement prévu. La décision sera prise dans les prochains jours.
En fin de journée, après avoir bien réfléchi, nous décidons de prolonger le repos d’une nuit supplémentaire pour bien récupérer avant de reprendre la route vers la fin de notre aventure à travers le Mercantour. Les filles se réjouissent de leur journée supplémentaire avec leur nouvelle copine rencontrée au camping, et l’ensemble de la famille profite du calme et des plaisirs simples offerts par ce temps de repos bien mérité.
Jour 24 – 17 août 2024 : De Guillestre à Larche
Aujourd’hui marque notre 24e jour sur le GR5, un long périple qui nous a conduits à travers des paysages incroyables, mais aussi des défis inattendus. Après deux jours de repos bien mérités à Guillestre, nous sommes prêts à reprendre notre marche, mais avec une petite différence : nous avons décidé de prendre un chemin plus détendu pour rejoindre Larche. Notre plan initial était de reprendre directement le GR5, mais la fatigue accumulée, les enfants, et les imprévus nous ont poussés à réévaluer.
Alors, aujourd’hui, nous prenons la route en passant par le col de Vars, mais pas à pied cette fois. Avec un peu de stop, nous nous facilitons la tâche pour rejoindre Saint-Paul-sur-Ubaye. En chemin, les montagnes défilent autour de nous, majestueuses et imposantes. Nous avons fait ce choix pour éviter un trajet trop éprouvant, particulièrement après nos deux jours de repos.
Nous faisons une halte pour déjeuner, un moment de répit bienvenu. Ce midi, nous avons savouré un repas consistant, quelque chose que j’avais du mal à imaginer il y a encore quelques jours. Pendant la pause, nous réalisons à quel point il est important de se ménager. Les enfants ont retrouvé leur appétit, et Yoko, qui n’était pas au mieux de sa forme ces derniers jours, va beaucoup mieux. Sa maladie semble être derrière elle, tout comme la mienne. Vous savez, quand on ne mange presque plus, on finit par perdre beaucoup de forces. J’ai eu beaucoup de mal à retrouver l’appétit après ces épisodes de vomissements. Heureusement, nous avions avec nous les sachets de réhydratation pour les enfants, ce qui les a bien aidées à récupérer.
Cet après-midi, nous avons atteint Larche, après un stop facile et quelques kilomètres supplémentaires à pied. Nous sommes de nouveau sur le GR5, et ça fait du bien. C’est une sensation incroyable de revenir sur ce sentier après tant d’efforts et de moments de doute. Ce soir, nous plantons notre tente près de Larche, un endroit que nous apprécions particulièrement pour sa tranquillité. Nous sommes accueillis au camping des Marmottes, et le cadre est tout simplement magnifique. Les montagnes nous entourent, et les emplacements sont ombragés et isolés les uns des autres, offrant un peu d’intimité après ces longues journées de marche.
Demain sera une journée spéciale pour les enfants. Nous avons prévu une courte marche de deux heures pour atteindre un endroit réputé pour sa population de marmottes. On nous a dit que les marmottes viennent parfois jusqu’à nos sacs pour grignoter. Rien que pour ça, les enfants sont impatients de découvrir cet endroit magique. L’idée est de prendre le temps, d’apprécier la nature, et de bivouaquer dans la montagne, entourés de ces petites créatures adorables. Nous avançons doucement, mais sûrement, et il est primordial de s’assurer que tout le monde est bien remis avant de pousser plus loin dans le Mercantour.
C’est cette approche que nous adopterons dans les prochains jours. Chaque étape sera pensée pour ne pas trop forcer sur les organismes, surtout après les soucis de santé que nous avons rencontrés récemment. Les filles sont en pleine forme aujourd’hui, et nous espérons que cela restera ainsi. Elles mangent bien, boivent beaucoup, et l’envie de découvrir la suite de notre aventure est palpable. Ce soir, nous savourons une tartiflette tous ensemble, et cela fait plaisir de voir que tout le monde retrouve de l’énergie, moi y compris.
Le GR5 est un défi de taille, mais c’est aussi une leçon de persévérance et d’adaptation. Les imprévus sont inévitables, mais ils ne nous arrêtent pas. On s’ajuste, on prend des pauses quand il le faut, et surtout, on reste soudés. Demain, ce sera une nouvelle journée, plus légère, dédiée à l’exploration et à la découverte des marmottes. On prend les choses au jour le jour, avec un objectif clair en tête : atteindre la Méditerranée, mais à notre rythme.
Nous sommes encore à environ 10 jours de marche de la mer, et même si cela peut sembler beaucoup, nous savons que chaque pas nous rapproche de notre but. Nous avons déjà parcouru tant de kilomètres, affronté des moments difficiles, mais ce sont ces moments qui nous rendent plus forts. Et maintenant, avec le sourire retrouvé, nous sommes prêts à continuer, un pas après l’autre, ensemble.
Jour 25 – 18 août 2024 : De Larche au Lac de Lauzanier
La journée commence tranquillement au camping des Marmottes, avec un délicieux petit-déjeuner. Après une bonne douche chaude, on savoure une tartine avec de la confiture rhubarbe-gingembre, un vrai délice offert par le propriétaire du camping. Le pain croustillant, l’air frais du matin, tout est parfait pour démarrer cette nouvelle étape avec énergie.
Aujourd’hui, nous avons un objectif précis : rejoindre le magnifique Lac de Lauzanier, en plein cœur du Parc National du Mercantour. Un peu plus de deux heures de marche sont au programme, et les filles sont excitées à l’idée de découvrir ce lac entouré de marmottes. Avant de partir, nous tentons notre chance pour attraper la navette gratuite qui pourrait nous faire gagner du temps. Et bonne nouvelle, elle s’arrête pour nous, nous épargnant ainsi une heure de marche sur terrain plat.
Une fois au Mercantour, le spectacle commence. Les marmottes sont partout, surgissant de leurs terriers pour nous observer, puis disparaissant aussitôt. Les filles sont fascinées par ces petites créatures et s’amusent à les chercher tout au long du chemin.
La montée vers le lac est douce, et le paysage se fait de plus en plus spectaculaire. Après avoir franchi une dernière colline, le Lac de Lauzanier apparaît enfin, entouré de montagnes majestueuses. Nous trouvons un endroit parfait pour installer notre campement, juste au bord de l’eau. Prévoyant, j’ai placé la tente à quelques mètres du sentier pour que nous puissions repartir facilement demain matin sans perdre de temps.
Cependant, la météo ne semble pas coopérer. Le ciel s’assombrit, et le tonnerre gronde au loin. Anticipant une potentielle tempête, nous montons la tente plus tôt que prévu. Heureusement, l’orage reste à distance, nous laissant profiter du calme du lac et des marmottes qui s’affairent tout autour de nous.
Le dîner est simple mais réconfortant : baguettes fraîches avec la délicieuse confiture, soupe lyophilisée, et pour finir en beauté, une mousse au chocolat que les enfants dévorent avec enthousiasme. Ce moment de partage est parfait pour terminer une journée qui, bien que courte en distance, a été remplie de petites joies et découvertes.
Le calme s’installe peu à peu autour de nous alors que la nuit tombe sur le Mercantour. Demain, nous attaquerons le Pas de la Cavale, l’un des derniers grands cols de notre aventure. Ce soir, cependant, nous savourons la sérénité du Lac de Lauzanier, entourés par la nature et les marmottes.
La journée commence sous un vent frais au Lac de Lauzanier. Il a fait froid cette nuit, mais nos sacs de couchage nous ont bien protégés, et nous sommes tous prêts à reprendre la route. Les filles, un peu grognonnes à cause de la perte de leurs vestes au camping de Guillestre, se réchauffent comme elles peuvent en gardant leurs vêtements thermiques, mais l’esprit reste bon. Nous devrons récupérer ces affaires plus tard avec le camping-car. Pour l’instant, il est temps de plier la tente et de monter vers notre premier défi du jour : le Pas de la Cavale.
Le départ est énergique. Avec les deux petites, Yoko et Sue, nous avons déjà pris une belle avance pendant que Benoît et les grandes finissent de ranger le campement. On peut dire qu’elles sont motivées ce matin ! Nous devons grimper environ 400 mètres pour atteindre le fameux col, avant d’entamer une longue descente.
La montée se fait bien, malgré le froid matinal. Les enfants trouvent leur plaisir dans les petites rivières à traverser. Pour elles, ces moments sont des occasions de jouer, de tester leur équilibre sur les cailloux, et cela rend la marche plus agréable. Il est essentiel de garder l’aspect ludique de la randonnée, surtout avec des enfants.
Nous approchons du Pas de la Cavale, et je dois avouer que je ne suis pas très rassurée. Le chemin est à flanc de montagne, étroit, avec des éboulis. Moi qui ai le vertige, c’est un vrai défi. Mais il n’y a pas d’autre alternative pour atteindre le col. Yoko panique un peu aussi, mais je l’encourage. Nous sommes arrivés jusqu’ici, il n’y a pas de raison de s’arrêter maintenant.
En haut, la vue est à couper le souffle. Nous touchons le panneau du col comme promis et profitons quelques minutes de la beauté du Mercantour. Mais le vent se lève rapidement, et il est temps de commencer la descente, qui s’annonce raide et longue. Nous devons descendre 1000 mètres, et la vigilance est de mise avec tous ces éboulis autour de nous. Il y a des moments où je me demande si cette descente est vraiment sécurisée, surtout par grand vent.
La fatigue commence à se faire sentir, mais on avance, guidés par le désir d’atteindre un endroit plus sûr. Finalement, après une bonne heure de descente, nous quittons les sections les plus dangereuses et atteignons une zone plus verte et tranquille. Nous sommes soulagés, mais épuisés.
Le Pas de la Croix Blanche marque notre bifurcation du GR5. À ce stade, nous décidons de prendre une vallée plus directe pour avancer vers le sud, plutôt que de remonter vers les cols. Mais une surprise nous attend en arrivant au hameau du Pra : il est interdit d’y planter notre tente ! C’est une déception, car nous avions prévu de dormir ici. Une famille charmante nous propose alors de nous emmener en voiture jusqu’à Saint-Étienne-de-Tinée, où il y a un camping. Nous acceptons leur aide, soulagés de pouvoir passer la nuit dans un endroit autorisé.
Arrivés à Saint-Étienne-de-Tinée, les filles sont ravies de retrouver un peu de confort. Nous commandons des pizzas pour fêter la fin de cette journée difficile. Assis autour de la table, nous savourons ce repas bien mérité avec une petite bouteille de vin, appréciant les odeurs d’herbes provençales qui commencent à flotter dans l’air. Cela sent déjà la Méditerranée, et nous avons même vu notre premier panneau indiquant Nice, signe que la fin de cette traversée se rapproche.
Demain, le chemin sera plus simple, une vallée douce à suivre. Mais ce soir, nous sommes heureux d’avoir surmonté le Pas de la Cavale, et malgré la fatigue, l’excitation de l’aventure reste intacte.
Aujourd’hui marque notre 27e jour sur le GR5, et l’ambiance est étonnamment détendue. Après une bonne nuit au camping « Le Petit Bois des Lutins » à Saint-Étienne-de-Tinée, nous nous sommes réveillés motivés pour cette nouvelle étape, direction Isola Village. Une journée relativement simple nous attend, avec un parcours de 17 km longeant la vallée de la Tinée.
Le départ se fait tardivement, mais personne ne semble pressé. Benoît plaisante sur notre petite paresse matinale après avoir savouré un pain au chocolat et un café. Nous avons tous bien dormi, et les pizzas de la veille ont fait leur effet. Nous quittons le camping en douceur, et il fait déjà chaud. L’air méditerranéen se fait sentir, une première depuis que nous avons quitté les cols plus hauts. Nous savons que nous approchons de la fin de notre traversée et de la Méditerranée, et cela motive tout le monde, malgré la fatigue accumulée.
Le chemin du jour longe une petite départementale, mais heureusement, nous marchons principalement sur des pistes cyclables qui offrent de la sécurité. Les enfants avancent à bon rythme, profitant des petits moments d’ombre que nous trouvons le long de la route. Yoko et Sue sont en forme et jouent avec leurs bâtons, tandis que Jill dévore son livre « Mort sur le Nil » d’Agatha Christie, et Olivia semble tout aussi captivée par ses lectures.
Nous faisons une première pause après 5 km, où chacun trouve une activité pour se détendre : Benoît consulte le tracé, je traîne un peu sur les réseaux sociaux, et les filles construisent de petits jardins imaginaires. C’est un moment paisible avant de reprendre la marche.
À midi, après avoir parcouru environ 10 km, nous nous arrêtons pour déjeuner. Le reste des pains au chocolat du matin fait office de dessert, et l’ambiance reste légère. Les filles ne montrent aucun signe de fatigue, et même après la pause, elles repartent en courant le long de la piste cyclable. Il reste environ 4 km jusqu’à Isola Village, et tout le monde semble impatient d’y arriver.
En arrivant à Isola, nous faisons face à une petite surprise : le camping local est fermé. Heureusement, la gentillesse des habitants du village ne tarde pas à se manifester. Un homme nous propose de bivouaquer dans un coin de terrain près de l’aire de jeux pour enfants, avec la bénédiction de la mairie. Les filles sont ravies ! Pendant que Benoît et moi nous reposons, elles s’amusent sur les balançoires et la tyrolienne. Yoko est aux anges, surtout avec la fontaine à eau près du terrain de jeu.
Le soir, nous profitons d’un repas simple mais délicieux. Des lasagnes généreusement partagées et un verre de vin rouge du restaurant du village complètent cette journée tranquille. C’est un peu comme du camping, mais sans les sanitaires… bien que les toilettes publiques soient étonnamment propres.
Les grillons chantent, et le clocher d’Isola nous accompagne dans cette soirée. C’est l’une de ces journées où tout semble parfaitement à sa place, et nous nous rapprochons de notre but final : la Méditerranée. Nous avons désormais Nice à portée de vue, et il ne nous reste plus que quelques jours avant d’atteindre la mer.
Le 28e jour de notre aventure commence sous une fraîche matinée à Isola Village. À 7h30, je suis déjà dehors, bien emmitouflée dans ma petite laine, prête à partir chercher des pains au chocolat avec Benoît. Mais la vraie surprise, ce sont les filles. Elles ont démonté leur tente avant même le petit-déjeuner, motivées par une envie irrésistible de lire. Je plaisante en disant qu’elles sont « mal élevées », car quel enfant démonte sa tente à l’aube juste pour pouvoir lire tranquillement ?
Après un bon petit-déjeuner, nous nous préparons à quitter l’aire de jeux d’Isola, où nous avons bivouaqué la veille avec l’accord de la mairie. Direction Saint-Sauveur-sur-Tinée, à environ 15 km, en suivant principalement des chemins parallèles à la départementale, tout en restant proches de la rivière de la Tinée. Nous marchons tranquillement, et je suis ravie de voir que les enfants ne montrent aucun signe de fatigue. Le ciel est d’un bleu parfait, une journée idéale pour randonner.
En chemin, Olivia se pose une question logique : pourquoi montons-nous autant alors que nous devrions descendre vers la mer ? Elle n’a pas tort ! Ce matin, nous empruntons un petit sentier qui grimpe dans les bois. C’est une belle montée, mais le sentier est peu entretenu, avec des branches qui barrent le chemin, rendant notre progression un peu plus laborieuse. Pourtant, l’endroit est magnifique, et même si le sentier semble peu fréquenté, les balises nous rassurent : nous sommes sur la bonne voie.
Pour la pause déjeuner, nous trouvons un petit coin ombragé. Mais ma tranquillité ne dure pas. Un énorme rocher surplombe notre spot de repos, et je ne peux m’empêcher de penser qu’il pourrait tomber à tout moment. Je finis par écourter la pause, incitant tout le monde à repartir plus tôt.
En début d’après-midi, nous reprenons la marche sur une ancienne route, désaffectée à cause de nombreux éboulements. Le paysage est sublime, avec des vues dégagées sur la vallée de la Tinée et les montagnes environnantes. La chaleur commence à se faire sentir, mais nous avançons à bon rythme, bercés par le son apaisant de la rivière en contrebas.
Finalement, nous arrivons à Saint-Sauveur-sur-Tinée, fatigués mais heureux. Au lieu de planter notre tente une fois de plus, nous tombons sur un gîte d’étape réservé aux randonneurs. Quelle chance ! Cela fait 28 jours que nous dormons en tente, et l’idée de passer une nuit dans un vrai lit est une véritable bénédiction. Les filles sont ravies à l’idée de dormir dans des lits, et Benoît et moi savourons cette pause bien méritée.
Le gîte est simple mais propre et agréable. Nous prenons possession des lieux avec enthousiasme, profitant de la cuisine pour nous poser. Pendant que les enfants explorent les lieux avec curiosité, je m’accorde enfin une pause avec un café bien chaud. C’est un moment de répit dans cette longue traversée, et cela fait un bien fou.
Le soir, d’autres randonneurs croisés depuis quelques jours sur le GR5 nous rejoignent, et nous allons ensemble au restaurant du village pour un souper. Quand on fait une grande randonnée de ce type, il est fréquent de croiser d’autres randonneurs : parfois la rencontre ne dure que le temps d’une conversation, parfois elle dure quelques étapes.
Notre 29e jour de randonnée commence paisiblement après la nuit passée dans un gîte à Saint-Sauveur-sur-Tinée. C’était notre première nuit hors de la tente depuis presque un mois, et nous nous sommes tous bien reposés, malgré un lit un peu petit pour Benoît, qui fait plus de 1,99 m !
Aujourd’hui, nous nous mettons en route pour Roussillon, un petit village à environ 15 km de là. Nous suivons à nouveau des routes départementales et quelques chemins abandonnés, où la nature reprend lentement ses droits. Comme d’habitude, les enfants avancent avec enthousiasme. Olivia est plongée dans son livre, ce qui est devenu un classique de la journée, et Yoko chante joyeusement tout en marchant. Benoît et moi restons attentifs, surtout lorsque nous marchons le long de la départementale.
Nous avons désormais une idée plus précise de notre arrivée à Nice, qui est prévue dans environ quatre jours. Rien que de penser à la Méditerranée nous donne des ailes. Depuis que nous avons quitté le col de la Cavale, nous sentons cette brise chaude et méditerranéenne qui nous rapproche un peu plus de notre objectif. Je ne peux m’empêcher d’exprimer ma fierté envers les filles. Elles savent maintenant monter et démonter une tente avec aisance, porter leur équipement, et gérer les petits défis du quotidien en montagne. À leur âge, je n’aurais jamais pu imaginer faire tout cela !
Vers midi, nous faisons une pause dans un petit café que nous trouvons par hasard dans le village de Marie. Nous savourons un bon repas et un café, profitant d’un moment de calme avant de repartir.
À un moment, je téléphone à la mairie de Roussillon pour vérifier s’il y a de la place dans le gîte communal, et nous devons absolument arriver avant 17h. Les filles sont fatiguées, surtout Yoko, alors nous décidons de faire un peu de stop pour accélérer les choses. Je suis prise en stop avec les deux plus jeunes, et une famille prend Olivia et Jill jusqu’au village. Pendant ce temps, Benoît continue de marcher seul, un moment de tranquillité qu’il semble apprécier.
À notre arrivée au gîte communal de Roussillon, nous sommes soulagés. Après une douche bien méritée, nous savourons un repas simple avec des produits que Benoît a achetés à la boulangerie du village précédent. Tout le monde se repose, les filles se réjouissent de regarder un peu la télé, ce qui est un luxe après tant de jours en pleine nature. Même si notre petit espace est un peu en désordre avec toutes nos affaires étalées pour sécher, l’ambiance est bonne.
Après une nuit reposante dans notre gîte à Roussillon, nous entamons cette 30e journée de marche avec un mélange d’excitation et de satisfaction. Benoît et moi avons pris le temps de ranger et de balayer le studio qui nous a hébergés, tandis que les filles finissent de préparer leurs sacs. On se rend compte que l’aventure touche à sa fin, mais il nous reste encore quelques belles étapes avant d’atteindre la Méditerranée.
Aujourd’hui, nous allons descendre vers Levens, un petit village niché sur les hauteurs. Nous avons décidé de quitter la route départementale que nous suivions depuis plusieurs jours pour rejoindre à nouveau le GR5, histoire de savourer les derniers kilomètres dans la nature. Cela implique une montée d’environ 500 mètres de dénivelé, mais après autant de jours de marche, ce genre d’effort fait presque partie de notre routine.
Les habitants de Roussillon nous ont gentiment proposé de nous déposer plus bas, afin d’éviter certaines sections de la route dangereuses, et nous avons accepté avec reconnaissance. Cela nous a permis de commencer la journée avec un peu plus de fraîcheur. Les filles sont ravies de pouvoir faire un bout de chemin en voiture, et cela raccourcit aussi notre trajet pour la journée.
Une fois arrivés à proximité de Saint-Martin-du-Var, nous commençons la fameuse montée vers Levens, par un chemin appelé « Chemin de la Madone ». La montée est assez raide, mais les paysages sont magnifiques. Nous traversons de petits sentiers bordés de figuiers, et même si les fruits ne sont pas encore mûrs, la vue des arbres nous met l’eau à la bouche. Olivia et Yoko sont comme d’habitude en pleine forme, et même si la montée est fatigante, elles avancent avec détermination.
En chemin, nous discutons de tout et de rien. Nous avons vu un restaurant de sushis à Levens et, soudain, cela devient notre nouvelle motivation pour continuer à marcher. Les filles adorent les sushis, enfin surtout le riz pour Yoko, et nous plaisantons sur le fait que cela va nous pousser à atteindre notre objectif plus rapidement.
Lorsque nous arrivons à Levens, le soleil tape fort, il fait environ 30°C. Les sushis sont délicieux. Après le repas, nous recroisons un super randonneur déjà croisé quelques fois. À cette occasion, il offre des bonbons aux filles pour les motiver pour les derniers kilomètres. Nous passons par l’office du tourisme, qui nous informe qu’il n’y a pas de gîte communal disponible, mais qu’il y a des prairies où nous pouvons planter notre tente. Nous décidons donc d’aller installer notre campement dans les « Grands Prés », un grand espace de nature où nous trouvons de l’ombre sous les arbres.
Le soir, je savoure encore des sushis, tandis que Benoît se régale avec un mélange surprenant de rouleaux de printemps, pizza et nuggets. Les filles, elles, continuent à jouer dehors, attirées par des chevaux qu’elles ont repérés au loin. Quant à moi, je me sens épuisée et je décide de me coucher plus tôt que tout le monde, me laissant bercer par la douceur de la soirée.
Ce matin, alors que nous démontons nos tentes pour l’avant-dernière fois, l’excitation de la fin proche se mêle à la fatigue. Olivia, Yoko et Jill sont toujours aussi dynamiques, même après 30 jours de marche, tandis que Benoît et moi prenons notre temps pour nous préparer. Une araignée fait même une petite apparition près des tentes, ce qui amuse tout le monde, bien que certains soient un peu moins à l’aise que d’autres !
Jill a commencé la journée sur une note spéciale en faisant un court trajet à cheval avec l’aide d’une personne croisée dans le village. Un moment unique pour elle, même si on plaisante sur le fait qu’elle a « triché » en parcourant une partie de l’étape à dos de cheval et non à pied !
Aujourd’hui, notre objectif est d’atteindre Aspremont, un village niché sur les hauteurs, avec une belle vue sur la Méditerranée que nous apercevons enfin au loin. C’est un moment solennel pour nous, car voir la mer signifie que nous approchons de la fin de cette aventure incroyable. Les enfants sont excités à l’idée de toucher la Méditerranée demain à Nice, et moi, je ressens un mélange de fierté et de nostalgie. Nous avons traversé tant de paysages, de montagnes et de villages, et maintenant, la mer est là, à portée de main.
Le parcours du jour inclut le Mont Sima, une petite montée qui nous rappelle que même à deux jours de la fin, il reste encore des efforts à fournir. Les filles avancent à un rythme impressionnant, tandis que Benoît et moi profitons de ce moment pour discuter, faire le point sur cette incroyable aventure, et revivre ensemble tous les moments forts.
En arrivant à Aspremont, une agréable surprise nous attend. Gill, une personne qui nous suit sur YouTube, nous a croisés sur la place du village et nous a généreusement proposé de planter notre tente dans son jardin et de prendre une bonne douche chez elle. Ce geste de générosité nous touche profondément, et après une journée chaude et intense, c’est un vrai plaisir de se détendre dans un cadre si accueillant.
L’après-midi se passe paisiblement dans le jardin de Gill, à l’ombre des arbres, pendant que les filles jouent et lisent. Benoît et moi profitons d’un café bien mérité tout en planifiant les derniers kilomètres vers Nice.
Le soir, nous dégustons de délicieuses pizzas tout en admirant un magnifique coucher de soleil sur les montagnes. Nous réalisons que c’est probablement notre dernier coucher de soleil en montagne avant de rejoindre la Méditerranée. La vue est superbe, bien que l’horloge du village, qui sonne un peu n’importe quand, perturbe légèrement ce moment tranquille.
Demain, c’est le dernier jour de notre aventure. Une nuit sous la tente nous attend, avant de rejoindre un hôtel à Nice et de finalement toucher la mer. Alors que je me prépare à m’endormir, je suis à la fois nostalgique et heureuse. Cette aventure avec nos filles, à travers les Alpes, a été une expérience inoubliable.
Bonne nuit, et demain, nous toucherons la Méditerranée !
Ce dernier jour, une fine pluie nous accompagne au réveil, une manière poétique de marquer la fin de notre aventure. Alors que nous commençons à démonter nos tentes, l’excitation est palpable. Il reste quelques kilomètres seulement avant d’atteindre la Méditerranée, notre but ultime après 32 jours de marche. Pourtant, le chemin n’est pas tout plat. Nous devons encore monter un peu en quittant Aspremont, ce qui nous rappelle que la traversée des Alpes est dure, même jusqu’au dernier jour.
Les filles se montrent résilientes comme toujours. Yoko réclame un pain au chocolat, mais il n’y en a pas à proximité, alors on se contente de quelques chips matinales. On se remet en route, chacun à son rythme, les conversations s’orientant vers la fin de cette grande aventure.
Alors que nous gravissons les dernières pentes, la mer Méditerranée se dévoile enfin au loin. Un moment que nous attendions tous avec impatience depuis des jours, voire des semaines. La mer est là, scintillante sous le soleil. Mais elle semble encore lointaine, comme si elle nous rappelait qu’il reste encore quelques efforts à fournir avant de l’atteindre.
Arrivés en haut du Mont Chauve, nous savourons ce dernier panorama. À partir de là, c’est officiellement de la descente jusqu’à Nice. Le sentiment de satisfaction est immense, mais il faut rester concentré. Le chemin est caillouteux, et avec la fatigue accumulée, il est facile de se tordre une cheville.
Les enfants, malgré la chaleur et la fatigue, avancent avec détermination. La promesse de voir la mer de près et d’y plonger leurs pieds les motive à continuer. Chacun a son propre ressenti sur cette aventure. Jill et Yoko, par exemple, sont heureuses mais un peu tristes que tout se termine. Olivia, quant à elle, exprime une certaine indifférence : ce qu’elle a préféré, c’était pouvoir lire autant tout au long du voyage. Elle a lu 18 livres en un mois, une prouesse !
Finalement, nous atteignons la ville de Nice. La chaleur est écrasante, les filles sont épuisées, et la ville semble interminable avec ses rues bondées de monde. Mais enfin, après avoir marché 32 jours, nous touchons la mer Méditerranée. Un moment de pure euphorie et de fierté. Nous avons réussi ! Après tant d’efforts, cette vue sur la mer nous rappelle que nous avons non seulement traversé les Alpes, mais aussi surmonté des obstacles que nous n’aurions jamais imaginé en famille.
Pour couronner cette arrivée triomphale, un homme croisé sur la plage offre aux filles une expérience inoubliable : un tour en parachute ascensionnel au-dessus de la mer. Voir nos filles flotter dans les airs au-dessus de la Méditerranée est à la fois terrifiant et merveilleux. Elles sont ravies, et cela semble être la cerise sur le gâteau de cette grande aventure.
Le soir, nous rejoignons notre hôtel à Nice, un simple ibis budget, mais après 32 jours sous la tente, il nous paraît être un véritable palace. Les filles sont déjà en train de planifier leur petit-déjeuner à volonté pour le lendemain. Quant à nous, Benoît et moi, nous sommes remplis de gratitude pour cette expérience incroyable, pour le soutien de nos sponsors, et surtout pour la force et la résilience de nos filles. Nous avons traversé les Alpes en famille, du lac Léman à la Méditerranée, et nous sommes tous immensément fiers.
> avec 4 enfants et 39 pays visités, on gère 😎