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En famille, avec nos 4 enfants, nous avons traversé les Alpes en août et septembre 2024. Une aventure à découvrir dans cet article, mais aussi en vidéo sur notre chaîne YouTube.
Cet été, nous avons vécu une aventure hors du commun avec nos quatre filles : traverser les Alpes à pied, du lac Léman à la Méditerranée, en suivant le mythique GR5. Notre objectif initial était d’atteindre Menton, mais comme dans toute belle aventure, l’itinéraire a évolué au fil des rencontres, des surprises et des défis du quotidien.
C’est finalement sur la Promenade des Anglais, à Nice, que nous avons touché la mer, les yeux brillants de fierté.
Pendant 33 jours, nous avons gravi des cols vertigineux, dormi sous les étoiles, goûté à l’eau glacée des torrents et traversé des paysages à couper le souffle. Mais surtout, nous avons partagé des moments précieux en famille, entre éclats de rire, chocolat chaud au sommet, parties de cache-cache avec les marmottes… et aussi quelques coups de mou, des orages violents, une gastro collective !
Heureusement, le matériel choisi en amont nous a sauvé bien des fois. Nos sacs à dos Hyberg, légers et robustes, ont parfaitement supporté la charge quotidienne, nos tentes vaude ont été d’une solidité à toute épreuve. Et notre gourde filtrante OKO nous a permis de boire l’eau des rivières en toute sécurité, même au cœur des montagnes les plus isolées. Ces choix, faits avec soin avant le départ, ont largement contribué à notre autonomie et à notre sérénité tout au long du chemin.
Ce n’est pas une simple randonnée. C’est une aventure humaine, intense et sincère, faite de boue et de soleil, de larmes et de chants, de nuits froides et d’étreintes réconfortantes. Chaque jour était une nouvelle leçon de résilience, de complicité et de joie simple.
Nous n’avons pas toujours suivi le GR5 à la lettre — parfois, les sentiers étaient trop escarpés, d’autres fois, il fallait improviser pour trouver un bivouac ou éviter les orages. Mais à chaque détour, c’est un peu plus de liberté et de magie qui s’invitait dans notre voyage.
Si vous vous demandez comment rendre la marche plus facile et plus joyeuse avec des enfants, découvrez aussi nos 7 conseils pour randonner en famille : entre astuces pratiques et motivation, tout est là pour vous aider à vivre l’aventure sereinement.
Arriver à la mer, tous ensemble, main dans la main, c’était bien plus qu’un objectif atteint : c’était la preuve que même avec des enfants, une tente, un vieux chariot et beaucoup d’amour, tout est possible.
La carte interactive pour visualiser notre parcours ! A télécharger sans modération ! ⤵️
Nous ne cherchions pas la performance, ni le record, encore moins l’admiration. Ce voyage, nous l’avons fait pour être ensemble, tout simplement. Pour marcher au même rythme, partager des silences et des rires, apprendre à nous écouter. Pour voir nos filles grandir au fil des jours, gagner en autonomie, en force, en confiance. Le GR5 n’était pas un défi sportif, mais un choix de vie, une parenthèse précieuse loin du tumulte, un retour à l’essentiel. Loin des écrans, des horaires, des contraintes, nous avons pris le temps. Le temps de vivre, d’observer, de respirer, de revenir à ce qui compte vraiment.
C’est aussi pour cela que nous ne chiffrons pas cette traversée à l’étape près. Les dénivelés ? On en a une vague idée. Ce qui reste, ce sont les émotions, les moments partagés, et cette sensation d’avancer ensemble, jour après jour. Si vous voulez en savoir plus, plongez-vous dans nos vidéos quotidiennes tournées sur le terrain : elles vous feront revivre, en immersion, la réalité de notre quotidien sur les sentiers.
Localisation : Départ depuis Saint-Gingolph, au bord du Lac Léman, à la frontière franco-suisse, montée à travers le Chablais en passant par le village de Novel et nuit proche du col de Bise.
Premier jour de notre grande aventure sur le GR5, entre le Lac Léman et la Méditerranée, avec toute la famille ! Réveil à 6h15, dans la fraîcheur du matin, pour aller toucher l’eau du lac avant le grand départ. L’ambiance est à la fois enthousiaste et un peu tendue – certains sont impatients, d’autres moins. On boucle les sacs, on partage les affaires, on motive les troupes… et c’est parti !
La montée commence immédiatement : 143 mètres de dénivelé dès le premier kilomètre. Après 2,5 km et 289 m de dénivelé, c’est l’heure de la première pause déjeuner. Les filles sont motivées malgré quelques douleurs aux pieds. Yoko, la plus jeune, n’a pas de sac et avance bien. L’ambiance reste bonne, et le chemin dans les bois, agrémenté d’une rivière, est très agréable.
Vers 4 km, nous avons déjà grimpé 523 m de dénivelé. On passe un vieux cimetière de montagne avant d’atteindre le village de Novel. Benoît nous y rejoint, plus frais que nous, puisqu’il a pris la route plus facile avec le chariot. Mais ce fameux chariot, pourtant bien pratique sur le plat, devient un vrai cauchemar dans les montées escarpées ! On envisage sérieusement de s’en séparer pour porter les tentes à la main.
À 9 km de marche, la fatigue se fait sentir. On grimpe, on évalue l’état de chacun, et on réfléchit à l’option la plus raisonnable pour la suite. Le terrain est exigeant, mais les paysages sont sublimes, les marmottes sifflent, et la motivation revient en voyant le sommet approcher.
À 18h14, après plus de 11 heures de marche, nous atteignons le point le plus haut de la journée. Les refuges sont encore loin en contrebas, mais les corps sont épuisés. Il nous reste 3 litres d’eau, alors on décide de planter les tentes juste sous le col de Bise, en pleine nature. Une décision sage pour éviter les blessures.
Une journée intense, remplie de rires, d’efforts, et de réflexions logistiques, qui donne le ton de cette aventure familiale hors du commun sur les sentiers alpins.
📺 Voir la vidéo complète : 275 Grande traversée des Alpes. Du lac Léman à la Méditerranée en famille (GR5)
Wheelie, c’est notre fidèle chariot de randonnée. Acheté en 2021 chez Radical Design, il nous a déjà bien accompagné lors de la traversée d’une partie de la France sur les chemins de Compostelle. Initialement conçu pour transporter nos bagages, il est rapidement devenu notre allié incontournable pour soulager Sue, et parfois Yoko, lorsque la fatigue commence à se faire sentir.
Dès les premiers kilomètres, on comprend vite que le Wheelie, prévu pour aider Sue en cas de fatigue, n’est pas du tout adapté à ce terrain. Les sentiers sont trop escarpés et caillouteux, rendant son utilisation très compliquée, surtout dans les montées. Le Wheelie devient un fardeau qu’on doit porter à deux en permanence. Olivia se relaye avec moi (Virginie) et Benoît pour aider à le transporter. Mais le pire reste la descente raide du Col de Bise, où il faut faire extrêmement attention à ne pas tomber.
Chaque pas est éprouvant, et cette vigilance constante rend l’effort encore plus intense. Finalement, nous réalisons qu’il sera impossible de continuer avec, et nous décidons de l’abandonner après cette journée. Advienne que pourra !
Nous avions prévu de descendre jusqu’au Chalet de Bise pour la nuit, mais la fatigue est trop intense. Nous décidons donc de planter nos tentes à quelques centaines de mètres de là, dans l’alpage, entourés des vaches et des sons apaisants de la nature. Avec le recul, nous aurions peut-être dû nous arrêter un peu plus tôt, au Chalet de Neuteu. Ce premier jour, avec le plus de dénivelé de toute la traversée, nous permet de prendre la mesure de l’aventure qui nous attend. La vue incroyable et l’atmosphère paisible du soir clôturent cette première journée éprouvante mais inoubliable.
🎥 Voir la vidéo : Notre chariot de randonnée
Localisation : Départ à proximité du col de Bise, dépôt du chariot au refuge de Bise (commune de Vacheresse), passage par les hauteurs surplombant la vallée d’Abondance, avant de redescendre vers La Chapelle-d’Abondance pour y camper dans les alpages.
La journée commence par un petit-déjeuner énergisant aux flocons d’avoine et lait en poudre dans un décor alpin. Virginie part chercher de l’eau fraîche en montagne, filtrée grâce aux bouteilles OKO, très pratiques pour boire l’eau de source avec sécurité.
Le moment fort de l’étape : l’abandon du chariot Wheelie. Trop encombrant pour les pentes raides et caillouteuses, il est laissé en garde au refuge de Bise. Un soulagement évident pour toute la famille, même si cela signifie redistribuer son contenu dans les sacs à dos adultes (10 à 12 kg).
Sur le chemin, les filles profitent d’une halte à la ferme du refuge pour nourrir les lapins et s’amuser. Puis, la montée se poursuit vers un col panoramique. En haut, moment de récompense : café bien mérité et déjeuner avec repas lyophilisés (mention spéciale pour Tactical Foodpack, très apprécié par les enfants).
La descente vers La Chapelle-d’Abondance se fait sans difficulté majeure, malgré quelques douleurs aux pieds. Les filles prennent les devants, et les plus jeunes remplissent à leur tour les bouteilles filtrantes OKO. L’objectif du jour est atteint : trouver un joli coin plat avec de l’eau pour installer les tentes, ce qui est chose faite en fin d’après-midi.
Le soir, toute la famille profite d’un moment de calme, après une journée moins longue que la précédente. Ils découvrent avec joie leur passage à la télévision sur RTL TVI, avant de se coucher sous les étoiles, prêts pour une nouvelle aventure le lendemain.
🎥 Voir la vidéo : 276 – On a dû l’abandonner dans un refuge dans les Alpes ! Grande traversée Alpes famille Gourde oko
2:48 mn de nous, pour notre première à la télévision ⤵️
Localisation : Nous sommes partis de La Chapelle-d’Abondance, avons grimpé jusqu’au col de Coux (1920 m), avant de redescendre en Suisse pour planter nos tentes près d’une ferme d’alpage, juste après un gros orage.
Ce matin-là, on est fiers de nous : à 7h45, tout le monde est prêt, sacs bouclés, enfants motivés. En trois jours, on a trouvé notre rythme. On a même réussi à uploader deux vidéos grâce à un petit filet de 4G. C’était aussi l’occasion de voir le reportage de RTL TVI qui nous a mis des étoiles plein les yeux. Il nous représente tellement bien. On est partis du bon pied.
La journée s’annonçait intense : près de 1200 m de dénivelé positif. Le plan ? Avancer doucement, sans stress, et monter la tente à 16h. Mais on le sait, avec les enfants, il faut rester souple. Jill et Olivia sont souvent devant avec leurs Kindles. Yoko et Siou, elles, avancent à leur rythme avec nous. Je suis avec Yoko aujourd’hui, et c’est toujours un bonheur de marcher main dans la main, de l’écouter raconter ses histoires, s’inventer des jeux et me guider du haut de ses six ans.
Le sentier monte progressivement jusqu’au chalet des Crottes — qu’on rebaptise « chalet des fleurs », c’est quand même plus poétique ! On s’arrête, on souffle, on admire la vue. La technique des petits pas et des pauses régulières fonctionne à merveille. Siou a même son rituel : elle s’accroche à ma ceinture et avance au rythme que je donne. Et ça marche !
Mais à l’approche du col, le ciel se gâte. L’orage gronde. On se fait rattraper par la pluie juste au sommet. On s’abrite quelques minutes dans un petit chalet pour enfiler les habits de pluie. L’idée de poser la tente ici tombe à l’eau : trop de bêtes, pas assez d’espace plat. Alors on redescend un peu, espérant trouver mieux plus bas.
Et là, c’est le miracle alpin. On tombe sur un fermier adorable qui nous propose un bout de prairie, du lait frais, du beurre, et même une baguette. Ce genre de geste, ça réchauffe plus qu’un feu. On avait tout ce qu’il nous fallait pour dîner, mais là, on a en plus un peu de magie.
On a fini la journée sous la pluie, bien fatigués. On a marché 14 km, grimpé 991 m, pendant près de 8 heures. Mais au moment de poser la tente, de boire un café, de regarder les filles rire malgré la pluie… je me suis dit qu’on avait bien fait de continuer jusqu’ici. Même si, oui, on aurait peut-être dû s’arrêter plus tôt. Ou pas. Parce que cette journée restera gravée.
🎥 Voir la vidéo : 277 – On aurait dû s’arrêter – Grande traversée des Alpes en famille
Localisation : Nuit passée près d’une ferme d’alpage côté suisse, montée au col des Portes de l’Hiver, passage par le lac de Cheserys, puis bivouac un peu plus bas, près d’un ruisseau, non loin du refuge de Cheserys, face au massif du Mont Blanc.
Ce matin-là, tout semblait parfaitement aligné. Réveil à 6h30 pour l’un de nous, car le fermier nous avait prévenus : les vaches allaient passer à travers le bivouac entre 6h30 et 7h, et il fallait quelqu’un dehors pour éviter qu’elles n’écrasent nos tentes ou nos piquets. Mission accomplie, sous un ciel encore humide après la pluie de la veille, mais sans stress : aujourd’hui, on devait juste monter 150 m de dénivelé. Autant dire, une promenade de santé !
On savoure cette matinée tranquille. Petit café pour moi, les enfants dorment encore. Les filles se disputent gentiment le droit d’ouvrir les clôtures électriques — les petites rivalités du quotidien en montagne. Et pendant que Benoît surveille les vaches, je fais un petit atelier cuisine improvisé : des truffes au chocolat à base de cookies écrasés et de beurre fermier. Un délice qui nous ramène des années en arrière, au temps des camps scouts…
On décolle tard, vers 9h30, mais on sent qu’on a retrouvé notre énergie après la rude journée précédente. Le chemin monte doucement, le paysage est sublime. On marche au rythme des filles, on s’amuse avec les talkies-walkies, et on prend le temps de respirer. Pause déjeuner dans un petit restaurant : les filles optent pour un cordon bleu, moi pour une salade bien fraîche. Un vrai plaisir.
Mais en montagne, tout peut basculer vite. Alors qu’on approche du col, la fatigue commence à se faire sentir. Le soleil tape, la montée est plus longue que prévu, et tout le monde en a plein les jambes. On atteint enfin le refuge de Cheserys avec son petit lac couleur turquoise… magique. On aimerait poser la tente là, mais le bivouac est interdit avant 17h. Alors on laisse les filles barboter dans le lac pendant que je cherche un emplacement plus bas, le long d’un ruisseau.
L’endroit trouvé est parfait : de l’eau fraîche pour se laver, faire la vaisselle, et même un coin plat pour les tentes. Les filles inventent des jeux, font des courses de feuilles dans les petits courants. On profite, on nettoie tout : cheveux, corps, linge. La journée avait si bien commencé…
Et puis le soir tombe. Le ciel s’assombrit, les ombres bougent. Et là, un bruit, un mouvement… un renard surgit ! Il passe si près qu’on croit qu’il va s’attaquer à nos affaires. Panique générale. On sécurise tout, mais la tension monte. Il est 20h passé, et malgré les rires de la journée, on termine cette étape avec une dose de stress inattendue.
🎥 Voir la vidéo : 278 – Pourtant tout avait bien commencé mais ça finit mal – GR5 en famille
La nuit fut calme… à une exception près : les moustiques ! Une véritable invasion dans l’espace entre les deux parois de la tente. Heureusement, aucune bête sauvage cette fois – nos sacs étaient bien à l’abri, et les tentes double paroi ont fait leur boulot. Mention spéciale à ces tentes légères et rapides à monter, qu’on peut transformer en tarp si besoin. Après l’expérience renard de l’étape précédente, on savoure ce calme relatif, malgré les ailes bourdonnantes au réveil.
Ce matin, c’est grasse matinée… jusqu’à 7h30. Le ciel est clair, l’air est déjà chaud, et l’ambiance détendue. On range la tente en douceur, tout en tapant des mains pour éloigner les moustiques. Puis, c’est le moment de plier le camp. L’avantage du bivouac en famille : on est devenu une petite machine bien huilée. Tout le monde a sa mission, et en quelques minutes, tout est prêt.
La montée du jour est modeste : 120 mètres de dénivelé pour rejoindre le col de Golèse. Mais même une « petite grimpette » peut vite tourner au débat collectif. Les discussions vont bon train : est-ce que ça monte doucement ou est-ce que c’est une montée « traîtresse » ? Est-ce que 30 minutes, c’est réaliste avec des enfants ? Heureusement, l’idée d’un chocolat chaud au refuge motive les troupes.
Trois équipes se forment spontanément : Olivia en tête, déjà hors de vue avec sa bouteille d’eau et son pas décidé ; Yoko et moi, main dans la main, avançons en chantant et en racontant des histoires de princesses sirènes ; puis, plus bas, Jill, Virginie et Benoît ferment la marche à leur rythme. Les talkies-walkies crépitent de rires et de « vous êtes où ? » pendant toute l’ascension.
Au sommet, la récompense est au rendez-vous : une vue à couper le souffle, des crêpes au sucre pour les enfants, une soupe chaude pour Benoît, et un moment de pause rare et apprécié. Yoko ressort même un dessin de reine des abeilles pour montrer à tout le monde. On rit, on se détend, on savoure. Le col est l’un de ces endroits suspendus dans le temps où on oublie la fatigue.
Mais il est déjà 11h30, et une longue descente nous attend. Direction le village, avec en ligne de mire un ravitaillement crucial. En chemin, on croise les premiers regards émerveillés vers le Mont Blanc, majestueux et intimidant. On l’aperçoit au loin, imposant. Les questions fusent : pourquoi on ne monte pas dessus ? C’est quoi un alpiniste ? On explique, on rêve, mais on garde les pieds sur terre.
La chaleur devient accablante. L’ombre est rare. On fait une pause dans un petit sous-bois – bonheur ! Les enfants avalent une dernière barre énergétique et on repart. Yoko est intenable : elle a été promise à un Kinder Surprise si elle tient bon jusqu’au magasin. Autant dire qu’elle vole presque dans la descente. Son enthousiasme est contagieux. Chaque kilomètre nous rapproche d’un œuf en chocolat et de sa surprise cachée !
Une fois arrivés dans la vallée, il faut encore trouver un coin pour planter la tente. On demande à plusieurs maisons, sans succès. La fatigue commence à peser, il est plus de 16h, la chaleur est toujours aussi écrasante. Finalement, une famille adorable nous ouvre les portes de son jardin. On peut planter nos tentes un peu à l’écart, sur un bout d’herbe bien plat. On respire enfin.
Le Carrefour du coin est notre salut : ravitaillement express, et la promesse à Yoko est tenue. Œufs en chocolat pour tous, et même quelques bonbons pour les plus grands. Ce soir, pas de lyophilisé au menu : juste du sucre, des rires et de la gratitude.
On s’installe sur une petite terrasse ombragée. Les enfants jouent avec leurs surprises, on recharge les téléphones, et on tente – tant bien que mal – d’uploader la vidéo du jour. Trois heures de chargement plus tard, on déclare forfait. Parfois, même avec la 4G, rien ne va plus. C’est aussi ça, la vie nomade.
Ce soir, pas d’animaux sauvages, pas de cris, juste le ronron lointain d’un orage et les rires qui s’éteignent doucement dans les tentes. On savoure cette étape comme une vraie victoire. Une journée simple, humaine, belle – et bien méritée.
🎥 Voir la vidéo : 280 – Aucun animal n’est rentré – Traversée des Alpes en famille GR5
Localisation : Départ de Bonneville, passage par Marignier, La Tour, Contamine-sur-Arve et bivouac à Châtillon-sur-Cluses, sur terrain privé à proximité du Lidl, après un après-midi orageux.
Ce matin, on se sent… neufs. Vêtements propres, odeur agréable – c’est presque suspect. Même nos croissants et pains au chocolat du petit-déjeuner renforcent cette impression de dimanche paisible. Pourtant, il fait déjà chaud, très chaud. On prévoit jusqu’à 33 degrés aujourd’hui. Alors, on ne traîne pas. Objectif : avancer tôt et s’abriter avant les orages annoncés.
Sur la route, on s’allège. Un casque inutile pour Benoît, une veste de pluie redondante pour moi. Et surtout, une vraie reconnaissance pour Pascal et Elias qui nous ont accueillis comme des rois la veille. Ils ne le savent peut-être pas, mais ils nous ont vraiment permis de tenir. La fatigue était bien là, et le moral en avait besoin.
Mais la journée n’est pas des plus glamour : départementale à longer, circulation à éviter, chaleur étouffante. Pour économiser les enfants, on suit la route la plus directe, pas forcément la plus belle. Pourtant, au détour d’un raccourci trouvé sur Maps.me, on entrevoit la promesse du réconfort : un distributeur de pizzas, un autre de produits frais, et… un café avec Wi-Fi !
On hésite entre les trois. Le distributeur remporte finalement les suffrages : pizzas toutes chaudes (et franchement pas mauvaises 🍕), sodas bien frais, et même quelques pêches. De quoi reprendre des forces… et uploader la vidéo de la veille grâce au café du col. Petit miracle technique dans une journée caniculaire.
Mais à 15h, les orages éclatent plus tôt que prévu. Heureusement, on est à l’abri, et Virginie part en mission repérage pour trouver un endroit où planter la tente. Après quelques hésitations, un agriculteur adorable nous ouvre son terrain… et sa douche ! Les filles sont aux anges. Deux douches en deux jours, c’est le luxe absolu.
Le soir, après le montage des vidéos et la digestion de nos pizzas automatiques, on décide de faire encore quelques kilomètres. La chaleur est tombée, les sacs sont un peu plus légers, et surtout, on est reboostés. Cette journée, aussi chaotique qu’improbable, se termine finalement sous les meilleurs auspices.
Lieu de bivouac : Châtillon-sur-Cluses, terrain privé avec douche offerte et accès à de l’eau de source.
🎥 Voir la vidéo : 281 – C’est quoi cette journée ? Grande traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée
Localisation : Départ de Châtillon-sur-Cluses, passage par la voie verte, arrivée à la base de loisirs de Sallanches, où nous avons tenté de bivouaquer discrètement près du lac.
Après une nuit paisible et une douche chaude bien méritée chez notre hôte extraordinaire, on se réveille doucement. Le petit-déjeuner devait être à 8h… mais entre les cheveux à brosser, les sacs à fermer et le bonheur simple de se sentir « comme à la maison », on est en retard. Tant pis, c’est ça aussi la magie du voyage : prendre le temps de vivre, de papoter, de savourer un croissant en terrasse avec les enfants qui jouent autour d’un hamster et des jouets en bois. On traîne un peu, on profite. Et on en avait besoin.
Mais au moment de partir, il se met à pleuvoir. Pas un vrai orage, juste une pluie traînante, assez embêtante pour retarder le départ. On s’abrite, on attend. Finalement, à 11h passées, le ciel se dégage, et on se remet en route – un peu à contre-cœur, mais tout le monde est d’accord : il faut avancer un peu aujourd’hui. Virginie en profite pour s’équiper autrement : avec la chaleur qui monte jour après jour, son pantalon devient insupportable. On trouve un petit short léger chez Lidl – parfait pour affronter la suite du périple.
Direction la voie verte, cette ancienne voie ferrée transformée en piste cyclable entre Cluses et Sallanches. C’est tout plat, bordé d’arbres, et on longe une rivière. L’autoroute n’est jamais bien loin, mais les paysages sont quand même magnifiques. Il fait chaud, très chaud, et au bout de quelques kilomètres, on s’installe à l’ombre pour un déjeuner improvisé. Virginie a ressorti sa recette fétiche : avocat, feta, raisins secs, noix, avec un peu d’huile d’olive et quelques bâtonnets de saucisse. Un vrai festin en pleine nature !
Les enfants jouent pieds nus dans l’herbe, on se partage une infusion froide citron-menthe sortie d’une bouteille Lidl, et on savoure chaque gorgée comme un trésor. C’est fou comme une petite touche de fraîcheur peut redonner le sourire à toute une équipe fatiguée. Après le repas, on repart sous un ciel chargé. Il fait encore lourd, mais les nuages apportent un peu de répit.
Et puis, tout à coup : karaoké ! Les filles ont lancé leur playlist française à fond dans les oreilles, et nous voilà transformés en chorale ambulante. Les cyclistes nous regardent avec amusement (ou peut-être avec inquiétude), mais on chante à tue-tête, et ça nous booste comme jamais. Le moral remonte, les jambes suivent, et on avance en rythme, bercés par les refrains. C’est ce genre de moment qu’on n’oublie pas : celui où la fatigue laisse place à l’élan collectif, au plaisir simple d’être ensemble, au soleil, sur une piste inconnue.
En fin d’après-midi, on atteint enfin la base de loisirs de Sallanches. Un lac, de l’ombre, une petite cahute qui sent la pizza… C’est parfait. Sauf qu’on ne sait pas trop si on a le droit de planter nos tentes ici. Officiellement, c’est interdit. Officieusement, on est discrets. Alors on appelle ça un « bivouac » et on croise les doigts pour ne pas être délogés au milieu de la nuit 😉.
Les enfants foncent dans l’eau. Les grandes prennent de l’avance, les petites les rattrapent. On rigole, on se rafraîchit, on oublie les kilomètres. Et pour le dîner ? Pizzas au bord de l’eau ! Une savoyarde, une à la mortadelle et burrata, une classique mais généreuse… On mange avec les doigts, avec appétit, avec un peu de honte aussi (mais juste ce qu’il faut). En fait, ce genre de petit moment de réconfort, on les attend tous, on les mérite tous.
Le soir tombe lentement. On monte les tentes, pas forcément droites, pas forcément dans l’endroit rêvé… mais ça fera l’affaire. Yoko râle un peu – fin de journée oblige – mais c’est normal, chacun a son seuil de fatigue. Olivia lit encore (ou relit, pour la troisième fois) ses romans. Jill s’amuse à ranger la tente pendant que Benoît s’occupe… mystérieusement… de vidéos. Comme toujours au moment des sardines !
On s’endort doucement, bercés par les bruits du lac, avec une pensée pour cette région qu’on découvre et qui nous surprend. Entre plaine et montagne, entre effort et détente, cette étape était particulière. Moins spectaculaire peut-être, mais profondément humaine. On ne la referait pas de la même manière… mais on ne voudrait pas l’effacer non plus.
🎥 Voir la vidéo : 282 – On n’aurait pas dû se mettre là – Grande traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée
La nuit a été… électrique. Littéralement. Il y a des nuits sous tente qui ressemblent à des aventures de conte de fée, et puis il y a celles qui testent vos nerfs. Cette fois, c’était la seconde option. Un orage violent s’est invité dans la nuit, grondant au-dessus de nos têtes pendant de longues minutes. Personnellement, j’ai eu très peur. J’ai passé la nuit les yeux ouverts, le cœur serré, le cerveau en boucle sur une seule question : est-ce qu’on est vraiment à l’abri ? Spoiler : on n’était clairement pas à 100 mètres d’un point d’eau comme recommandé. La tente était mouillée, le terrain saturé… Bref, pas le top pour dormir sereinement.
Mais Yoko ? Elle a dormi comme un loir, bien au chaud dans son sac de couchage, insouciante et paisible. On a tous beaucoup à apprendre d’un enfant de 5 ans. Le réveil fut un peu dur, entre vêtements trempés, serviettes humides et chaussettes détrempées. Rien n’avait eu le temps de sécher depuis la baignade de la veille. Ce matin, on enfile du « moite », du « froissé »… bref, pas l’idéal.
Alors pour se motiver, on s’est promis un bon pain au chocolat en passant en ville. Yoko l’a répété une dizaine de fois : « On va au magasin, pour un pain au chocolat. » Et la promesse d’une viennoiserie, c’est presque un carburant de randonnée à part entière !
On quitte enfin le bord du lac, direction la route, avec une nouvelle étape pas très glamour : on longe la nationale. Les voitures passent vite, la vigilance est de mise. Et pourtant, le paysage reste sublime : les montagnes en toile de fond, les nuages qui s’accrochent aux sommets, les fleurs qui bordent le chemin. On garde le rythme malgré tout, les sacs sont lourds – et le mien l’est d’autant plus que j’ai discrètement glissé une petite surprise d’anniversaire pour Virginie : une carte et quelques tickets à gratter. Un petit clin d’œil, léger, mais qui fait du bien au moral.
Les kilomètres s’enchaînent sous un ciel menaçant. Virginie a mal aux pieds, les filles commencent à fatiguer, et moi… je jongle entre météo et motivation. On fait une pause bien méritée dans un petit village. Là, on tombe sur un grand magasin local qui propose des spécialités régionales. Salade de chèvre, tarte aux myrtilles, fleurs comestibles : un festin improvisé, dégusté à l’ombre, avec des doigts collants de miel et des sourires revenus.
Mais la vraie perle du jour, c’est notre rencontre du soir. Après plusieurs refus pour planter nos tentes, une dame nous ouvre spontanément son jardin. Un petit coin de paradis avec des jeux pour enfants, du sirop bien frais, et une gentillesse qui fait fondre toutes les tensions de la journée. On discute, on rigole, on installe les tentes. L’orage gronde au loin, mais ce soir, on est à l’abri – et surtout, on est accueillis. Quelle chance !
Les filles s’amusent avec les petits-enfants de la maison, infatigables malgré les kilomètres. Sue s’endort dans mes bras pendant que je lui lis une histoire, Yoko plonge dans les livres de la maison, Jill et Olivia profitent de la douche chaude. On vit un vrai moment de répit. Demain, on repartira pour la montagne, mais ce soir, on savoure.
Ah, et au fait… demain, c’est mon anniversaire. Enfin, *encore* mon anniversaire : l’année dernière, on s’était trompé, et on avait fêté mes 41 ans au lieu de mes 40. Donc cette année, c’est ma « deuxième 41e année ». Pas mal, non ? 😉
🎥 Voir la vidéo : 283 – J’ai eu très peur 😱 ! – Grande traversée des Alpes en famille GR5 / Haute-Savoie
Ce matin, il ne pleut plus… mais tout est encore trempé ! La tente dégouline, les vêtements aussi. Pourtant, une journée plus tranquille nous attend, en guise de transition avant l’ascension du col du Bonhomme. Virginie se réveille doucement, les filles traînent un peu, et moi… je me réjouis de leur offrir un petit moment de fête.
Car aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Mon vrai cette fois ! On a déjà fêté mes 41 ans l’an dernier… sauf que j’avais en réalité 40 ans. Du coup, cette année, c’est ma deuxième 41e, et j’ai décidé qu’elle serait douce, joyeuse et pleine de chocolat.
On quitte Saint-Gervais après un passage à la boulangerie – merci à la boulangère qui nous a offert quelques douceurs pour le petit-déjeuner. En chemin, on discute d’une idée : demain, pour la montée vers le col du Bonhomme, et pour soulager les petites jambes, on prendra peut-être le téléphérique à mi-parcours. Les filles n’en ont jamais pris, et ce serait une première magique. On en reparlera ce soir.
En attendant, on marche à travers une belle forêt de conifères. C’est frais, calme, verdoyant. Une pause s’impose au bord du chemin : pain au chocolat, croissants, rires. Les enfants jouent, discutent de leurs constructions imaginaires en pâte à modeler, et moi… je me laisse porter par la douceur de l’instant.
Le déjeuner se fait sur une table de pique-nique, façon campement improvisé. Benoît fait chauffer des pâtes ricotta-épinards et des ramen coréens – le souvenir de nos semaines en Asie n’est jamais bien loin. On tente de faire sécher le linge au soleil. Cela fait trois jours qu’il sent le moisi. Croisons les doigts.
Plus loin, à quelques kilomètres de notre objectif du jour, une surprise attend les plus petites : la fille de notre hôte d’hier a contacté son papa, qui habite Les Contamines. Il nous propose de venir chercher les enfants et Benoît pour les amener directement chez lui pendant que Virginie et moi finissons l’étape à pied. Le soulagement est immense – marcher en montagne, c’est bien ; mais alléger un peu la fin de journée, c’est encore mieux !
Et puis, on s’installe, on s’apaise, et vient le moment le plus doux de la journée : le gâteau d’anniversaire improvisé. Pas de bougies sur un gâteau classique, mais une fondue au chocolat avec des fruits lyophilisés. Les filles chantent « Happy Birthday », je souffle sur une petite flamme vacillante, et on se régale. Dans l’humour, Sue râle : « Moi je suis la dernière de la famille à fêter mon anniversaire ! » Oui, ma chérie, mais c’est parce qu’on t’a gardée pour la fin !
Le soir tombe sur Les Contamines-Montjoie. Un village charmant, touristique, un peu plus animé que nos étapes précédentes. C’est une halte du Tour du Mont-Blanc, et l’ambiance y est vivante. Glaces, crêperies, petits restos : tout y est. Mais nous, on est bien, juste en famille, dans ce jardin prêté avec générosité, à finir la journée dans une tente, sous les étoiles, avec les rires des enfants comme berceuse.
Je repense à la chance que nous avons. À tous ces gens croisés sur notre chemin qui nous ouvrent leur jardin, leur cœur. Ce n’est pas juste une aventure en famille. C’est une aventure humaine. Et ce soir, je me couche reconnaissante. 41 ans… et le sentiment d’avoir encore tellement à vivre.
🎥 Voir la vidéo : 284 – On s’est fait repérer ! – Grande Traversée des Alpes en famille, GR5
Ce matin, la ville semble endormie. 7h20, et pas un bruit… même les cloches de l’église ont sonné dans l’indifférence générale. Sauf pour moi. Petite marche matinale pour trouver des toilettes publiques incroyablement propres (presque japonaises), avant de revenir réveiller la troupe.
Les filles ont le sourire : aujourd’hui, on va prendre un télécabine pour éviter une bonne partie de la montée. Pour elles, c’est une première. L’excitation est à son comble. Sue est la plus impatiente : elle veut monter dans « l’œuf qui vole » – et elle n’est pas la seule.
Le trajet est magique. Vue sur le Mont-Blanc à travers les vitres (un peu sales, mais on ne va pas chipoter), rires, quelques frissons dans les airs… et une arrivée en douceur au-dessus de la vallée. La journée commence bien. Même Virginie, pourtant sujette au vertige, profite enfin du panorama.
Le vrai effort commence après le télécabine. D’abord une belle marche jusqu’au refuge des Prés, où nous déjeunons vers midi : nouilles coréennes pour les petites, ricotta-épinards pour les grands, et quelques carottes magiques qui serviront de motivation pour l’après-midi.
Mais le programme se corse. Le refuge nous informe qu’il est interdit de bivouaquer entre ici et le refuge du col de la Croix du Bonhomme. Il est 13h30. On hésite, on calcule. Le col est loin, haut, difficile. Mais Virginie regarde la montagne et dit : « On y va. »
Alors on y va.
Montée progressive, chemin caillouteux, parfois glissant. Des groupes avec des mules et des chevaux nous dépassent… puis s’arrêtent. On les dépasse à notre tour. Et là, fierté immense : nos filles, même les plus petites, grimpent sans broncher. Concentrées, calmes, efficaces. Une vraie équipe.
Les paysages deviennent lunaires. On entre dans la zone alpine, les sentiers deviennent plus techniques, les corps plus lourds. Yoko fatigue, mais elle continue. Olivia motive tout le monde. Sue, elle, grimpe comme une chèvre. Et Jill… ramasse des cailloux pour faire une soupe aux fleurs. On garde le sourire, même dans la difficulté.
16h30, nous atteignons le col du Bonhomme. Il reste encore une montée. Le vent souffle, les jambes tremblent, mais le moral est bon. Surtout qu’on sait que là-haut, il y a peut-être du chocolat.
Finalement, après une dernière portion difficile (pierres glissantes, ruisseaux à traverser, nuages épais), nous arrivons, à 18h30, au refuge du col de la Croix du Bonhomme. Les tentes sont plantées, les filles s’écroulent… mais pas sans réclamer un dessin animé bien mérité.
Ce soir, on partage un repas avec des randonneurs du monde entier : Japonais, Australiens, Américains, Irlandais. Et nous, petite famille belge, là, au milieu des nuages, avec des chips, de la compote, des salamis et… un gâteau au chocolat.
Ce matin, on pensait poser la tente à mi-parcours. Ce soir, on dort à 2400 m, fiers, émus, ensemble. On pensait être seuls… on était simplement au bon endroit, au bon moment, portés par cette force familiale qui rend tout possible.
🎥 Voir la vidéo : 285 – Et dire qu’on pensait être seuls… – Traversée des Alpes en Famille
Ce matin-là, j’étais glacée. 6 degrés à 7h du matin, et pourtant, j’avais chaud dans mon sac de couchage. On avait entendu qu’il fallait se déshabiller pour mieux conserver sa chaleur corporelle… et j’ai testé. Spoiler : ça marche. Mais quand Benoît réclame un café au réveil avec sa voix pâteuse et que j’ai mal au crâne, je me dis que cette journée ne va pas être de tout repos.
Petit déjeuner express : flocons d’avoine, lait, bonne humeur et chaussettes sur les draps. On remballe, on enfile les sacs… et c’est parti.
On quitte le refuge, l’un des plus fréquentés du Tour du Mont-Blanc. Toilettes saturées, prix exorbitants (tout est acheminé par hélicoptère), mais malgré tout, un grand respect pour les saisonniers qui nettoient tout ça dès l’aube. Vraiment, bravo à eux.
Mais aujourd’hui, c’est aussi le jour des décisions importantes. Le GR5 « officiel » redescend de l’autre côté du col dans un passage trop dangereux avec des enfants. On choisit donc la variante, plus longue mais plus sûre, qui nous mène tranquillement jusqu’à Les Chapieux, en longeant le Tour du Mont-Blanc.
Et là… je culpabilise.
Parce que je m’étais imaginé cette traversée comme une parenthèse sauvage, loin de tout. Et ce matin, je croise des dizaines de randonneurs, coureurs, marcheurs avec ou sans mulet… et même des familles. Ce n’est pas le GR5, c’est une autoroute. Les paysages sont splendides, mais le monde m’empêche de vraiment en profiter.
Alors oui, on prend parfois des variantes, des chemins moins empruntés, rien que pour retrouver un peu de calme. Et bientôt, on le sait, on sera seuls à nouveau. Mais aujourd’hui, j’avais besoin de le dire. Je culpabilise de ce petit agacement. Et puis je me dis : c’est humain. Voilà.
Après une belle descente, on arrive à Les Chapieux. Refuge, restaurant, auberge… mais aucune option accessible pour une famille de six. Le parc de la Vanoise nous attend. Et dans ce parc : pas de bivouac, seulement des refuges. Problème : 300 € pour dormir tous ensemble. C’est non. Ce n’est pas une critique : c’est juste que ce n’est pas dans notre budget.
Alors on improvise. On bifurque. On décide de suivre la vallée en bas, de passer par Bourg-Saint-Maurice, de continuer sur le GR5 « vélos » le temps de traverser la Vanoise par les petites routes. Et on verra plus tard pour retrouver le sentier de randonnée. C’est ça aussi, l’aventure en famille : s’adapter pour durer.
La route est jolie. Ombre, béton, descente douce. Virginie et les grandes traversent les bois pendant que Benoît part avec Yoko par les épingles. Deux équipes, deux stratégies. Et tout le monde arrive… en même temps.
Mais là, les bestioles attaquent : abeilles, guêpes, fourmis rouges. On remballe. Virginie propose une idée folle mais irrésistible : « Et si on faisait du stop jusqu’au camping ? » Quelques essais plus tard, miracle ! Deux voitures nous embarquent, et à 17h43, nous voilà au camping de Bourg-Saint-Maurice.
Les tentes sont montées, les lessives tournent, les enfants jouent au trampoline… et moi ?
Moi, je culpabilise.
Parce que cette traversée, on voulait la faire en bivouac. Pas en camping. Et pourtant… qu’est-ce que ça fait du bien. Une douche. Une machine à laver. Des vêtements propres. Une tresse faite par Jill. Et ce festin du soir, simple, mais délicieusement réconfortant.
Alors je vous le dis : oui, on a dormi au camping. Et non, on ne le regrette pas. Parce que notre objectif, ce n’est pas l’exploit. C’est d’arriver au bout. Ensemble. En forme. Et heureux.
🎥 Voir la vidéo : 286 – Je culpabilise – Grande Traversée des Alpes avec des enfants
Localisation : Départ de Bourg-Saint-Maurice, détour par Tignes-le-Lac via bus, puis marche jusqu’au col de la Leisse à 2758 m d’altitude.
Ce matin-là, il était 7h pile quand Benoît a enfin remporté la bataille de la machine à laver. Une seule pour tout le camping… et aujourd’hui, il était le premier. Petites victoires du quotidien qui font plaisir.
De mon côté, j’avais mal dormi, et mes pieds étaient toujours aussi douloureux. Les cloches (ampoules) me harcelaient. Mais le petit-déjeuner amélioré au pain au chocolat ramené en mission express par Benoît m’a remise d’aplomb. Les enfants, eux, lisaient tranquillement ou rêvaient déjà de trampoline. La journée pouvait commencer.
Mais encore fallait-il savoir quoi faire aujourd’hui. Reprendre le GR5 ? Impossible avec les enfants. Le Parc de la Vanoise, avec ses longues étapes entre refuges, interdit le bivouac. Et on n’a pas 300 € par nuit pour dormir en refuge tous les six. C’est ainsi que le dilemme s’est posé : marcher des heures sur la départementale au milieu de la circulation, ou… prendre un bus.
Et on l’a pris, ce bus. Direction Tignes-le-Lac. Oui, je culpabilise un peu – comme à chaque fois qu’on “triche”. Mais soyons honnêtes : c’était la seule solution réaliste pour ne pas abandonner ou se blesser. Une fois à Tignes, les choses sérieuses pouvaient reprendre.
Changement de plan total : exit la vallée, bonjour le GR55 qui monte vers la haute Vanoise. On cherche alors un endroit pour dormir – et après quelques discussions et sourires partagés, un centre équestre accepte qu’on plante nos tentes sur leur pelouse… à condition de partir à l’aube. Soulagement.
Mais c’est sans compter la météo : des orages annoncés pour demain. Alors à 17h, nouvelle décision : on avance ce soir, même s’il est tard. Et quelle bonne idée !
À peine partis, le chemin est somptueux. Un vent doux, 23°, pas trop chaud. On est en forme, car la journée a été douce. On grimpe tranquillement vers le col de la Leisse à 2758 m, un des sommets de notre traversée. On marche, on savoure. Et on observe… une marmotte, à quelques mètres seulement, pas farouche du tout. Les filles n’en reviennent pas.
La lumière dorée du soir, les dernières neiges à toucher du doigt, les montagnes silencieuses… tout est parfait. À 20h10, on atteint enfin le col. On fait un 360°. C’est beau à pleurer. Des paysages qui rappellent l’Annapurna. Un moment suspendu.
Mais il faut vite redescendre pour planter la tente avant la nuit. À 21h, on trouve un carré d’herbe près d’un petit lac, juste à temps. Le ciel se charge, le froid tombe, mais les duvets sont prêts. La tente est double-paroi, nos sacs de couchage descendent à -7°C : on est prêts.
21h20 : tout le monde est installé. Les filles jouent à l’intérieur, riant doucement. Moi, je m’arrête une seconde pour leur parler :
« Les filles, aujourd’hui, je suis fière de vous. Vous êtes grandes. Vous êtes fortes. Et surtout, vous êtes ensemble. »
Oui, ce soir-là, dans le froid de la Vanoise, au bout de cette longue montée, on était à notre place. Et ce n’était pas un raccourci en bus qui allait gâcher ça.
🎥 Voir la vidéo : 287 – Changement de plan – Grande traversée des Alpes en famille
Localisation : Bivouac au-dessus du col de la Leisse (2758 m), descente dans le parc de la Vanoise jusqu’au refuge du Pont de la Sassière, hors GR.
Je n’oublierai jamais cette nuit-là. C’était sans doute la pire nuit de tout notre périple sur le GR5. 6h du matin. Je suis réveillée, recroquevillée dans mon sac de couchage, frigorifiée, nauséeuse, à bout de forces. La pluie tambourine sur la tente, le vent secoue les parois. Et moi, je me bats contre un malaise que je ne comprends pas. Mal des montagnes ? Intoxication alimentaire ? Ou juste un gros coup de fatigue ? En tout cas, j’ai vomi, mal dormi, grelotté. Je suis vidée.
Les enfants dorment encore, sauf les deux grandes qui s’habillent doucement. On a décidé de ne pas bouger avant 7h30, pour laisser passer le gros de la pluie. Les duvets sont trempés d’humidité, mes mains sont gelées. J’ai bu un demi-café la veille et rien mangé. J’ai la nausée, la tête qui tourne. Mais il faut avancer. Toujours.
Quand la pluie cesse, on saute sur l’occasion. On sort les affaires, on replie les tentes en vitesse, les vêtements de pluie sur le dos. On est tous transis. Jill a les mains rouges de froid, Sue garde ses bâtons comme elle peut. Mais elles avancent. Incroyables, nos filles.
Et puis, malgré cette souffrance, le paysage est à tomber. Des fleurs de montagne à perte de vue. Des bleues, des jaunes, des blanches, par milliers. Des vallées d’altitude presque lunaires, un petit lac gelé, des sommets embrumés, et cette marmotte… à quelques mètres de nous, curieuse, paisible. On oublie un instant le froid, la fatigue. On respire.
Après plus de 3h de marche, on atteint enfin le refuge de la Leisse. On ne dort pas dedans, mais il nous offre un petit coin abrité. On y boit un café chaud, les filles dégustent une tartelette. Il y a même une salle de jeux. Et une douche chaude (20 L pour un jeton, bien comptés !). Un luxe. On lave tout le monde, on se savonne, on se sent renaître un peu.
Moi, je ne peux presque rien avaler. Quatre cuillères de bolognaise et c’est déjà trop. Je suis faible, déclassée comme jamais. Benoît, lui, part marcher 45 minutes jusqu’à un banc où il y a du réseau pour poster la vidéo du jour. Pendant ce temps, les filles jouent, rient, aident à faire la vaisselle. Leur énergie semble inépuisable.
En fin d’après-midi, on plante les tentes juste à côté du refuge. Le coin est autorisé au bivouac et bien abrité. Mais il fait froid, et le vent redouble. Les filles sont en pyjama, toutes emmitouflées, prêtes à dormir. Moi, je m’effondre dans mon duvet, lessivée.
Ce soir-là, je me suis endormie avec une pensée simple : je suis fière de nous. De continuer malgré la fatigue, malgré les imprévus, malgré le froid. Ce GR5, c’est une aventure. Une vraie. Et parfois, c’est dans les pires journées qu’on puise le plus de courage.
🎥 Voir la vidéo : 288 – Ma pire nuit sur le GR5 – Grande Traversée des Alpes en famille
Ce matin-là, à 8h03, Virginie repliait la dernière tente. 15e jour de marche. Et le panorama… à couper le souffle. C’était beau. Un silence pur, des montagnes à perte de vue, une lumière dorée. Mais il fallait partir. On voulait marcher tôt pour éviter la chaleur de midi. La Vanoise, aussi belle soit-elle, nous pesait de plus en plus. Interdiction de baignade, bivouac limité, refuges trop éloignés… pas simple avec quatre enfants.
Alors on a profité d’une navette gratuite pour éviter une longue descente. Oui, encore une “triche” comme diraient certains. Mais l’objectif n’a jamais été de souffrir, seulement d’arriver ensemble à la Méditerranée. La navette, c’était un petit coup de pouce. Et on a continué à pied, bien entendu.
On est redescendus dans la vallée, au soleil, sur ce qu’on appelle ici le “chemin du bonheur”. Et, oui, il portait bien son nom. Une petite rivière, un sentier agréable, des enfants heureux, du pain frais, des croissants, des merlingots au chocolat… La belle vie.
Mais même sur le chemin du bonheur, tout n’est pas toujours simple. Parfois, on se dispute. Pas de grandes engueulades, non, juste des désaccords de parcours. Moi, je suis plutôt “GR5 puriste”, j’aime suivre la trace sans dévier. Virginie, elle, regarde ce qui est réaliste avec les enfants. Elle aime la montagne, mais pas tous les jours, pas quand ça épuise tout le monde. On s’ajuste, comme on peut. On négocie “à la belge”. Et ça fonctionne.
La journée était belle, mais les enfants, eux, étaient un peu à bout. Surtout Yoko, qui espérait poser la tente à midi. Quand elle a compris qu’on allait juste manger… puis repartir, elle a boudé. Longuement. Comme ce matin, quand elle a pleuré à chaudes larmes parce que je ne l’avais pas laissée étaler sa crème solaire toute seule. Des petits drames d’enfants, sous les regards parfois étonnés des passants. Mais c’est aussi ça, voyager en famille. Laisser la place à leurs émotions, même au beau milieu d’un village.
Après un pique-nique sur une grande table en bois, on a continué. En fin de journée, on a croisé des gens sympas qui nous ont proposé un spot pour bivouaquer : “Juste à 15 minutes d’ici.” Spoiler alert : on a marché plus d’une heure, en montée, alors qu’on était déjà épuisés. Les panneaux indiquaient Modane à 1h25… puis à 2h05. Une arnaque de fin de journée. Mais le lieu valait l’effort : une grande table, un coin plat, de l’ombre. L’endroit parfait pour poser nos deux tentes Vaude. Ouf.
On a compté les kilomètres : 14, peut-être plus. On était tous fatigués. Mais contents d’être là. On a mangé un couscous lyophilisé, bu notre précieuse eau – 3 litres pour six, à économiser. Et pendant que Benoît montait la tente, j’ai enfin montré notre installation en détail. Les tentes Vaude, trois places, résistantes, légères, montage express, double paroi. Parfaites pour notre aventure.
À 21h, tout le monde s’est glissé dans les duvets. Le ciel s’assombrissait, la montagne nous enveloppait dans son silence. Et une fois de plus, malgré la fatigue, les disputes, les détours imprévus, je me suis sentie chanceuse. Chanceuse de vivre tout ça avec eux. Ensemble. Chaque pas nous rapproche de la mer. Et même si parfois ça râle, ça pleure, ça boude… l’amour est là. Partout.
🎥 Voir la vidéo : 289 – Parfois on se dispute… – Grande traversée des Alpes en familleLocalisation : Départ de Modane, montée jusqu’au col de la Vallée Étroite via un stop partiel, nuit dans les alpages.
Ce matin-là, le moral était bon… mais le matelas, lui, ne tenait plus. Un trou invisible, un sol dur, un réveil courbaturé. Il fallait trouver une solution, mais en attendant, j’avais dormi à moitié sur le matelas de Sue. Pas l’idéal pour récupérer. Heureusement, les filles, elles, avaient bien dormi, bercées par la forêt autour de notre bivouac près de Modane.
Notre première mission de la journée : trouver de l’eau. Car à court de réserve, il ne nous restait qu’un fond pour faire deux cafés et quelques flocons d’avoine. Et bien sûr, on a choisi… les cafés. Les petites ont eu leur porridge, les grandes leur cappuccino chocolaté douteux (merci Virginie pour la confusion), et tout le monde a souri malgré la sécheresse matinale.
Mais la vraie priorité, c’était stratégique : les orages arrivent demain. Et pour les éviter, il fallait impérativement franchir deux cols avant la fin du week-end. Notre solution ? Faire du stop pour gagner en altitude. Une première pour certaines des filles… et une grande aventure pour tous.
Depuis la mairie de Modane, on a mis en place un plan : éviter les 1400 m de dénivelé d’un seul coup en montant aujourd’hui au premier col, puis le suivant demain. Mais entre les voitures qui ne s’arrêtent pas, les erreurs de timing et l’équipe séparée en deux, ce n’était pas gagné. Les grandes ont eu plus de chance que les petites, mais à la fin, tout le monde s’est retrouvé au sommet… un peu frustré, un peu rincé… mais soudé.
La montée jusqu’au col de la Vallée Étroite ne fut pas simple. Sue a craqué. En pleine “route du Calvaire”, elle a réclamé son bâton perdu, a boudé, puis pleuré. On s’est arrêtés. Longtemps. Une vraie pause. Et puis, comme souvent avec les enfants, une gentillesse a tout changé : un monsieur lui a offert un nouveau bâton… et un carambar. Magie instantanée. Le sourire est revenu. Et on a pu reprendre la route.
À 2285 m d’altitude, le paysage s’est ouvert. Des alpages magnifiques, une rivière claire, des vaches blanches curieuses. On avait passé le col, et on venait d’entrer dans les Hautes-Alpes. Un sentiment de victoire. On a trouvé un petit plat près de la rivière, un endroit parfait pour le bivouac. Juste ce qu’il fallait pour oublier la fatigue du jour.
Le soir, c’était banquet royal : soupe à la betterave de Tactical Foodpack, porc effiloché Real Turmat, noodles, riz, le tout offert par nos partenaires Tactical Foodpack et Lyophilise.com. On n’aurait pas pu rêver mieux. Nourris, réconfortés, ensemble.
Et pour finir, pendant que les tentes se montaient, Sue chantait. Jill faisait un bracelet. Yoko riait de ses propres blagues. Olivia écrivait dans son carnet. Et moi ? Moi je regardais tout ça en silence, un cappuccino tiède à la main, le cœur gonflé de gratitude.
« Heureusement qu’on a pris cette décision. »
Sans le stop, on aurait jamais pu faire tout ça. Sans cette flexibilité, on n’aurait pas vu ce coucher de soleil sur les vaches blanches. Et sans nos partenaires, on n’aurait pas aussi bien mangé. Mais surtout : sans les filles, rien de tout cela n’aurait eu de sens.
🎥 Voir la vidéo : 290 – Heureusement qu’on a pris cette décision ! – Traversée des Alpes en famille
Réveil en douceur après une grasse matinée bien méritée. Tout le monde est de bonne humeur, même si la coiffure de certains trahit le manque de miroir ! Aujourd’hui, pas de grosse montée, juste une longue descente vers Plantinet. On vise un chocolat chaud au refuge, et tout le monde est motivé.
Côté itinéraire, c’est l’aventure : on demande dans le village… trois personnes, trois chemins différents ! Finalement, on suit notre instinct et l’application Maps.me, direction Pamplinet. L’ambiance est détendue, rythmée par les réflexions philosophiques : « On est en France, mais on parle italien ? » Eh bien oui, comme en Alsace où l’on parle alsacien, pourquoi pas ici aussi !
La déconnexion est totale : pas de réseau, pas de vidéo du jour à uploader. C’est frustrant pour les créateurs qu’on est, mais aussi libérateur. Le moment est parfait pour marcher tranquillement, profiter du paysage, des framboises fraîchement cueillies sur le bord du chemin… et observer les chèvres aux cornes impressionnantes. Les enfants avancent bien, même les plus petites, encouragées par leur rôle de « tamagochi » humain à soigner : bien manger, boire, se reposer !
Le chemin longe les hauteurs au lieu de redescendre entièrement dans la vallée : une belle découverte qui évite un dénivelé inutile. Vue incroyable sur l’Italie, terrain quasi plat, et de nombreux spots à recommander aux camping-caristes pour pique-niquer ou dormir.
Arrivée en fin d’après-midi à Plantinet, 29°C au thermomètre et la promesse d’un moment de repos bien mérité. Les filles découvrent une aire de jeux dans le jardin d’une auberge : balançoire, toboggan, et même un “cissau” – un mot que personne ne semble vraiment connaître en français, mais qui amuse tout le monde !
Ce soir, on commande notre repas à l’auberge voisine. Jill est un peu déçue : peu de romans jeunesse disponibles, mais elle a trouvé un DVD en attendant mieux. Le dîner est délicieux, l’ambiance chaleureuse. Et comme souvent en trek, ce sont les petits riens – un banc à l’ombre, une framboise sur le chemin, une balançoire – qui deviennent les vrais trésors.
🎥 Voir la vidéo : 291 – Une journée pas comme les autres – Grande traversée des Alpes en famille
Localisation : Départ de Pamplinet, passage symbolique au 45e parallèle, arrivée à Briançon par la vallée (hors GR5 officiel), nuit au camping des 5 Vallées, avec une piscine chauffée et un abri pour les tentes.
Ce matin-là, tout commence en douceur avec un petit déjeuner continental dans une auberge pleine de charme… et pas n’importe laquelle. On découvre que c’est ici qu’ont été tournées certaines scènes de Belle et Sébastien. L’endroit a ce petit quelque chose de nostalgique, presque cinématographique, qui rend le départ encore plus poétique. On se sent chanceux. Dix-huitième jour de marche. Déjà. Et pourtant, chaque matin semble être un nouveau départ.
En direct de Pamplinet, on réalise le chemin parcouru : cela fait 18 jours que l’on traverse les Alpes à pied, en famille. Dix-huit jours à porter nos vies sur le dos, à avancer parfois lentement, parfois sans trop réfléchir, mais toujours ensemble. Ce projet fou de relier le lac Léman à la Méditerranée prend forme, et ce matin, l’objectif est clair : rejoindre Briançon.
Le GR5 officiel grimpe dans les hauteurs, passe par un col pour redescendre ensuite vers Briançon. Mais aujourd’hui, on prend une décision qui s’impose d’elle-même : avec les enfants et les orages annoncés, mieux vaut rester dans la vallée. C’est moins spectaculaire peut-être, mais c’est plus sage. Et dans une aventure familiale, chaque choix est un équilibre entre l’expérience, la sécurité, et le plaisir.
À 9h tapantes, on se met en route. L’air est déjà chaud, même ici, en altitude. On sent la canicule française qui gronde au loin. Heureusement, l’itinéraire du jour est plutôt plat, et l’ambiance légère. Peu après le départ, on tombe sur un point symbolique : le 45e parallèle. Cet endroit précis où l’on est à égale distance du Pôle Nord et de l’Équateur. L’occasion parfaite pour une leçon de géographie en marchant. Chacun choisit son camp : le froid ou la chaleur, le nord ou le sud ? Les réponses fusent, les débats aussi. Finalement, on décide qu’on aime pouvoir aller des deux côtés. Parce que c’est bien là tout le sel de cette vie nomade : pouvoir choisir sa direction.
Le sentier que nous avons choisi suit un chemin discret, entre départementale et rivière, presque secret. C’est une voie douce, agréable, ombragée par moments, et étonnamment calme. Pas un bruit, pas une voiture, juste nous et la montagne qui nous entoure. Vers midi, on déniche un petit coin paradisiaque pour la pause : une piscine naturelle alimentée par l’eau glacée des montagnes. L’endroit parfait pour se rafraîchir, manger, se détendre. Les enfants trempent les pieds, les rires fusent, la fatigue s’efface un instant.
L’après-midi reprend sous une chaleur de plomb. On avance bien, toujours avec cette satisfaction d’avoir fait le bon choix en évitant les cols. Aucun regret. On traverse le village de La Vachette, puis on explore une ancienne installation militaire abandonnée. Les filles adorent, transformant les ruines en terrain de jeu grandeur nature. Même si la fatigue commence à se faire sentir, la magie opère encore.
À l’approche de Briançon, les choses se corsent. Ce n’est pas une arrivée paisible. On se retrouve face à une succession de virages, de montées, et surtout d’incertitudes. La ville est fortifiée, perchée. Il faut descendre, puis remonter. Et là, le moral en prend un petit coup. On pensait arriver, on doit encore grimper. Les enfants râlent un peu. Nous aussi. Mais c’est le jeu. L’entrée dans Briançon est belle mais rude.
On décide de ne pas traîner en ville : trop de béton, trop de circulation, trop de monde. On file vers un camping repéré un peu plus loin. Et là, coup de chance : le camping des 5 Vallées nous accueille avec le sourire. Il y a une piscine chauffée, un espace pour les tentes, des sanitaires propres, et même un abri pour nous protéger du soleil et de la pluie. Il est 17h30 quand on plante la tente. La pluie arrive pile à ce moment-là. Une bénédiction. On est installés, au sec. Le timing est parfait.
On envisage sérieusement une journée off demain. Juste pour se reposer, nager, faire une lessive peut-être, et surtout : ne pas marcher. Cette pause fait du bien rien que d’y penser. On est à mi-parcours de notre traversée. On peut être fiers. On est fatigués, certes, mais aussi heureux, soudés, plus que jamais convaincus que cette aventure est un des plus beaux choix que nous ayons faits.
🎥 Voir la vidéo : 292 – On n’avait pas vraiment le choix – Grande Traversée des Alpes du Léman à la Méditerranée GR5
Localisation : Départ du camping des 5 Vallées à Briançon, en direction de L’Argentière-la-Bessée, le long de la Durance. Étape courte et en vallée, adaptée à une situation de crise familiale : intoxication alimentaire.
Après une belle pause bien méritée la veille au camping avec piscine, toboggan et farniente, on pensait tous repartir du bon pied. Mais cette pause tant attendue s’est transformée en véritable épreuve. Hier, pas de vidéo, pas de rando. Et pour cause : la moitié de la famille était clouée au sol. Ce matin, on compte les survivants : Sue a ouvert le bal avec un retour express de son dîner, suivie de près par Benoît, Jill et enfin Olivia. Résultat : une nuit blanche, des allers-retours aux sanitaires à des heures improbables, et une ambiance… disons… fragilisée.
Heureusement, on avait dans nos sacs quelques sachets de réhydratation d’urgence (ORS). On ne pensait pas les utiliser aussi tôt. Ce fut une bénédiction. Ce matin, les malades sont faibles, mais hydratés. Ils ont à peine touché à leur petit-déjeuner, tandis que Yoko – pleine d’énergie et indemne – papillonne joyeusement autour de nous. Elle est notre petite étincelle du jour.
L’intoxication alimentaire viendrait, selon nos analyses de terrain, d’un paquet de jambon acheté au Carrefour Market. Étrangement, seuls ceux qui en ont mangé sont malades. Yoko et moi n’y avons pas touché, et nous allons bien. La leçon est retenue. Même bien conservée, même fraîche, la charcuterie en camping peut jouer de vilains tours.
La décision du jour est simple : on ne remonte pas en altitude. Avec quatre estomacs fragiles, pas question de gravir une montagne. On suit donc la Durance, sur un chemin plus plat, plus facile. L’itinéraire est un compromis entre progression et récupération. On avance doucement, on s’arrête souvent, on respire. Et on observe. La France, même hors des sentiers battus du GR5, est magnifique. Les paysages changent, les usines désaffectées côtoient les vallées fleuries. C’est un autre visage du pays, plus brut, plus industriel, mais tout aussi authentique.
À midi, on s’installe à l’ombre d’un ancien four à pain, vestige du village. Un peu de fraîcheur bienvenue. On aurait pu choisir l’ombre de l’église, mais ici, il fait presque frais – un petit miracle par 30°C passés. Les enfants grignotent un peu, boivent du coca pour se redonner un peu de sucre, pendant que j’essaie de leur préparer un peu de semoule. Rien de très appétissant, mais l’essentiel est de remplir les ventres doucement.
Les commentaires reçus sur Instagram fusent : « Combien de sachets lyophilisés avez-vous emporté ? » Bonne question ! Pour cette première moitié de traversée, nous avions prévu 20 repas pour 6, répartis entre les packs de Lyophilise & Co (10 repas best-sellers) et ceux de Tactical Foodpack (30 sachets). Nous avons conservé la moitié pour la suite du périple, mais nous avons aussi réapprovisionné en cours de route dans quelques refuges et épiceries de montagne. En général, trois sachets suffisent pour nous six, surtout sous la chaleur : l’appétit diminue, les portions sont copieuses, et le partage devient une habitude.
La marche reprend, doucement. Même affaiblis, les enfants s’accrochent. On se parle, on rit un peu, on s’adapte. Un petit jardin de papillons improvisé, une course à la plus belle ombre… on fait avec ce qu’on a. Ce n’est pas la journée la plus joyeuse, mais c’est une de celles qu’on n’oubliera pas.
À 17h30, après plusieurs pauses, on plante enfin les tentes. La chaleur est accablante. Le thermomètre affiche 26°C ? C’est une blague. Il fait bien plus. On sue, on souffle, on monte les abris tant bien que mal. Il reste une tente à installer, mais personne n’a vraiment le courage. Il faut s’y remettre. Demain est un autre jour.
La météo à Nice annonce 33°C. On se regarde, transpirants, épuisés. Et on plaisante à moitié : « On aurait peut-être dû partir de la Méditerranée pour monter vers le nord… » Trop tard pour changer de cap. Il va falloir composer avec cette chaleur jusqu’au bout. Heureusement, il y a encore des plans d’eau, quelques coins de fraîcheur, et surtout, notre motivation intacte.
Cette journée, malgré tout, est un rappel de la fragilité de notre aventure. Mais aussi de sa force. On avance. Même lentement. Même en titubant. Parce que ce projet est le nôtre, qu’on l’a rêvé, et qu’on ira au bout. Ensemble.
🎥 Voir la vidéo : 293 – C’est l’hécatombe – Grande Traversée des Alpes en famille GR5
Ce matin, la journée avait bien commencé… jusqu’à ce que l’on réalise que notre power bank solaire avait disparu. La veille, on l’avait laissée dans les sanitaires du camping pour la recharger. Quelques minutes d’inattention, et elle n’était plus là. Moment de panique. Virginie n’avait rien vu. Une seule personne était passée : un jeune saisonnier en contrat d’entretien. Par chance (et intuition), Benoît pousse la porte de son local technique… et retrouve notre batterie.
Le soulagement laisse rapidement place à la colère. Ce vol, aussi “petit” soit-il, touche à notre quotidien nomade et à notre confiance. Benoît, ancien policier, sermonne fermement l’auteur du larcin. Non pas par vengeance, mais avec cette volonté de lui faire comprendre l’importance d’un acte qui, à 100€, peut coûter bien plus dans la vie réelle : en Belgique, on perd son bon vie et mœurs, ce document essentiel pour travailler avec des enfants, dans les services publics ou à l’aéroport. Un rappel fort et éducatif, qui – espérons-le – marquera les esprits.
Ce moment tendu passé, on reprend la marche, en famille, avec Yoko en copine de rando du jour. Le moral est bon, mais les corps restent fragiles après l’intoxication alimentaire. Aujourd’hui encore, on adapte le parcours : une marche sur un chemin plat, à l’ombre quand on peut, en suivant la Durance. C’est une journée pour écouter les enfants et préserver leurs forces.
Les kilomètres défilent en douceur. Derrière les framboisiers, un petit sentier s’ouvre : c’est l’un de ces chemins cachés que l’on adore. À midi, on a déjà parcouru 7 km. Les discussions tournent autour de l’aérodrome aperçu au loin – un « garage à avions » selon les enfants – et des cloches aux pieds que l’on soigne comme des trophées de guerre.
Le déjeuner se fait au calme, entre ombre bienvenue et soupes lyophilisées : un petit mouliné de légumes, des nouilles au bœuf, et le tout dernier paquet de pâtes aux champignons. Ce sont nos dernières rations ! Une étape symbolique du voyage. Il faudra se réapprovisionner avant d’attaquer la prochaine section, celle du Mercantour.
Cette fin de journée devient douce et presque joyeuse. Les enfants sont partagés : certains continuent la marche avec nous, d’autres font du stop avec Virginie – une gentille âme les dépose au camping pour qu’ils puissent monter les tentes et profiter plus vite de la piscine. Encore un petit geste d’adaptation pour le confort et la sérénité de tous.
Les deux grandes marchent jusqu’au bout avec moi. Un dernier effort sur une route quasi déserte. On admire le paysage : les montagnes, les airs d’aviation, les maisons perchées, la vallée en contrebas. On croise aussi des souvenirs : “Et la remorque qu’on nous a volée à l’époque ?” Une anecdote familiale racontée dans le rire, malgré l’agacement encore palpable.
L’arrivée au camping est une victoire simple mais douce. 17 km pour certains, 13,5 km pour les plus jeunes. Une pizza partagée dans la tente, des olives à dénoyauter à la main, des doigts encore poussiéreux, et la sensation d’avoir bien mérité ce moment.
Une remarque finale sur la technique : certains abonnés nous ont signalé un son trop faible sur les dernières vidéos. On s’en excuse. En mode nomade, on enregistre souvent avec le téléphone, parfois sans voir que notre main recouvre le micro. On fera mieux. Promis.
🎥 Voir la vidéo : 294 – On nous a volé – Grande traversée des Alpes en famille 👣
Localisation : Journée de repos dans un camping proche du Mercantour, avec mini-golf, château gonflable, Intermarché à proximité et piscine chauffée. Décision prise : encore un jour off avant d’attaquer le Mercantour.
Ce matin, c’est réveil… en fanfare ! Littéralement. Il est 7h05, les tambours résonnent dans le camping. Mais personne ne bouge. Tout le monde se recouche. Ce réveil bruyant rappelle à Virginie les matinées d’école chez sa maman : « Réveille-toi ! Il est l’heure !”… puis, une fois le dos tourné… hop, on replonge dans les draps. Ce sera donc une vraie journée OFF.
Tandis que les filles savourent leur pain au chocolat et leur gosette aux pommes, les grandes jouent au château gonflable pendant que Olivia se repose, encore un peu fragile. Le soleil tape déjà fort, mais pas assez pour gâcher le plaisir des enfants. Yoko, toujours aussi vive, ne semble même plus se rappeler qu’elle a été malade.
Benoît part en expédition Intermarché : lessive, courses, recharge de batterie, et un moment rare – seul, à l’ombre d’une grille, à méditer sur le chemin parcouru. On approche doucement de la fin : Nice ou Menton, telle est la question. Il reste environ 13 à 15 jours de marche, selon le rythme et l’itinéraire final.
Pour ménager tout le monde, une décision s’impose : rester encore une nuit ici. Deux jours complets de repos, c’est ce qu’il faut pour se préparer au Mercantour. Même si cette dernière portion est réputée moins difficile que le reste, elle reste exigeante – avec au moins un gros col à franchir avant de basculer vers la mer.
L’après-midi se déroule paisiblement. Petit dessin animé sous la tente, glaces offertes par un voisin de camping (un ange, ce monsieur !), et mini-golf improvisé. Les filles rient, jouent, s’éclatent. Une parenthèse enchantée entre deux mondes : la haute montagne… et le doux littoral méditerranéen.
À 21h08, la décision est entérinée : on reste une nuit de plus. Ce temps de récupération est crucial, surtout pour Olivia qui montre quelques signes de fatigue. Jill, Yoko et Sue, elles, sont en pleine forme – mais on sent que ce petit luxe de camping leur plaît bien. Attention, elles risquent de s’y habituer !
Le Mercantour se profile à l’horizon. Bientôt, le dernier tronçon du GR5. Bientôt, la mer. Mais ce soir, ce sont les vacances à la montagne qui prennent le dessus. Demain, une nouvelle pause, puis… le retour sur les sentiers.
🎥 Voir la vidéo : 295 – On a pris notre décision – Grande traversée des Alpes en famille
Ce matin-là, l’ambiance est étrange. On sent que tout le monde se remet doucement. L’appétit revient, mais les organismes sont encore fragiles. Alors, on démarre tranquillement… puis, catastrophe : on a oublié la pochette avec tous les câbles et le disque dur contenant tous les rushs depuis le lac Léman. Panique. Benoît fait du stop, malgré sa coupe de cheveux approximative obtenue pendant le jour off. Heureusement, en moins de dix minutes, tout est récupéré. Ouf.
On choisit la route facile aujourd’hui : pas de col, mais une petite route qui longe la montagne, direction l’Arche. Objectif ? Ne pas forcer, retrouver ses repères. Et pour la première fois depuis longtemps, Benoît ne monte pas la tente : il monte sa vidéo. Virginie, elle, léchouille maladroitement un verre de vin, prétextant une maladresse de serveuse. L’ambiance est détendue. Le camping des Marmottes est génial. Et le plat familial de tartiflette… incroyable.
Le repas fait du bien, physiquement et moralement. Les enfants retrouvent leur appétit. Même Virginie – pourtant encore faible la veille – se ressert. Les sourires reviennent. Ce soir, on rigole à propos des portions, du fameux “chacun pour soi” autour du plat, et de la coupe de cheveux “coréenne-polonaise-à-boire” de Benoît.
Mais cette étape est aussi celle des doutes. Dans cette vidéo, ils prennent le temps de revenir sur les jours précédents, sur les maladies successives, les moments de grande fatigue, et cette fameuse intoxication alimentaire qui a mis toute la famille à plat. Ils se rappellent les étapes difficiles : Plan Pinet, Briançon, la montée du col du Calvaire, les nuits agitées et les doutes réels sur leur capacité à aller jusqu’au bout.
Pourtant, malgré tout ça, ils sont encore là. Debout. Ensemble. Et ils repartent. Direction : le Mercantour. Non sans adapter le parcours : pour éviter les Patous et les longues étapes du GR5, ils longeront la vallée de la Tinée, plus sauvage mais moins accidentée.
Le ton est léger mais lucide : ils savent qu’ils arrivent dans le dernier tronçon. 10 à 15 jours les séparent de la Méditerranée. Le choix est fait : ce sera Nice, plus pratique pour la logistique de retour. Menton attendra.
Et demain ? Journée spéciale. Cap sur un lac réputé pour être le repaire des marmottes. Deux heures de marche, bivouac prévu, et… si tout va bien, une rencontre magique avec les petites habitantes des alpages.
🎥 Voir la vidéo : 296 – Stop ou encore ? On allume la caméra pour vous expliquer – Grande traversée des Alpes
Ce matin-là, l’aventure prend un ton plus léger. Petit déjeuner au camping Les Marmottes, douche tiède (voire froide !), et un petit pot de confiture rhubarbe-gingembre que Virginie jure de porter jusqu’au bout. L’ambiance est joyeuse : aujourd’hui, c’est une petite étape en douceur, avec pour but un bivouac près d’un lac entouré de marmottes. Et surtout, de la récupération avant le Pas de la Cavale, un des derniers grands cols.
Grâce à une navette gratuite qui accepte de les embarquer au camping même (miracle !), la famille économise plus d’une heure de marche. Virginie et les plus jeunes montent, pendant que Benoît et les grandes avancent à pied. Direction : le fameux lac de la Lausette, au cœur du Mercantour.
Une fois sur place, c’est un petit paradis : des marmottes partout, des galeries qui criblent le sol, une vue magnifique sur les montagnes. La tente est montée à 15h30, bien avant l’heure réglementaire de 19h, mais la météo menace : l’orage gronde au loin. Une bergerie est repérée en cas de refuge d’urgence, et les pop-corns sont distribués – deux par personne, pas plus !
Le dîner est simple et joyeux : soupe rouge, salades froides, sardines à l’huile, pain frais et… mousse au chocolat, le vrai luxe. Chacun trouve son petit coin : Jill explore les hauteurs, Yoko se réchauffe sous la bâche, Olivia reste près du feu. L’orage se rapproche mais l’ambiance reste calme et douce. Ils sont seuls au monde, entourés de marmottes curieuses.
Cette nuit-là, ils dormiront tôt, blottis au cœur du Mercantour. Et demain, ils attaqueront tôt le Pas de la Cavale. L’une des dernières grandes ascensions avant la descente vers la Méditerranée.
🎥 Voir la vidéo : 297 – Bivouac d’urgence – Grande Traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée GR5
Le réveil s’est fait dans un calme impressionnant. Quelques gouttes avaient tambouriné sur la tente la veille au soir, mais la nuit avait finalement été paisible. Il faisait froid, mais nos sacs de couchage Hyberg ont fait le job : tout le monde avait dormi au chaud. Ce matin-là, Virginie savourait déjà son café pendant que les filles terminaient leur tartine de confiture à la rhubarbe-gingembre. L’ambiance était légère. Sauf que… c’était le jour du Pas de la Cavale.
Le nom fait sourire. Sur la carte, ça ressemble à un col parmi tant d’autres. Mais en réalité, il s’agit d’un sentier escarpé, étroit, qui longe la paroi d’une montagne à flanc de vide. Et pour Virginie, sujette au vertige, c’est loin d’être une promenade de santé. « Je ne suis pas du tout rassurée », confie-t-elle en fixant ce fin ruban de pierres blanches qui zigzague au-dessus du vide. Pourtant, elle prend sur elle. Les enfants sont motivés, le temps est encore calme, et il faut avancer.
Les deux plus petites, Yoko et Sue, montent à une allure folle. Virginie les suit de près, concentrée, pendant que Benoît ferme la marche avec les grandes. Le dénivelé est raide, les jambes tirent, mais la récompense au sommet est inoubliable : une vue imprenable sur les montagnes du Mercantour, une lumière dorée qui perce les nuages, et ce silence de fin du monde qui vous saisit toujours au sommet d’un col.
Le vent est glacial, et on ne traîne pas longtemps. À peine quelques minutes, le temps de souffler, de filmer, de se dire « on l’a fait », puis déjà il faut redescendre. Et là, ça se complique encore. La descente du Pas de la Cavale est réputée difficile, presque dangereuse par temps de pluie ou de grand vent. Et ce jour-là, les deux menacent. On s’enfonce dans une zone d’éboulis, de gros blocs instables qui obligent à poser chaque pas avec une concentration extrême. Olivia et Jill assurent, Yoko serre fort la main de Virginie, et tout le monde finit par rejoindre le bas, épuisé mais entier.
On reprend alors la marche vers le hameau du Pra, un minuscule village perché, que l’on espérait paisible pour le bivouac du soir. Mais une mauvaise surprise nous attend : depuis un glissement de terrain survenu en 2022, tout le hameau est interdit d’accès pour la nuit. Les maisons sont vides, des panneaux municipaux rappellent l’interdiction formelle de camper. Nouveau dilemme : rester là malgré tout, en sachant que c’est interdit… ou faire du stop jusqu’à Saint-Étienne-de-Tinée, à 9 km plus bas ?
Le choix est vite fait. Les filles sont fatiguées, l’ambiance du hameau est étrange, un peu fantomatique. Virginie et deux des filles montent dans une voiture très vite trouvée, pendant que Benoît attend encore une tentative. En moins d’une heure, toute la famille est réunie au camping de Saint-Étienne, les pieds sous la table. Au menu : trois pizzas, une bouteille de vin rouge, et cette sensation douce d’avoir bien fait. D’avoir choisi la sécurité, le bon exemple, plutôt que l’entêtement.
En fin de journée, alors que les filles s’endorment sans un mot – malgré une journée à plus de 9 km et 1000 mètres de dénivelé – Virginie et Benoît se regardent : on tient bon. On approche de la Méditerranée. Et même si leurs jambes sont lourdes, même si chaque pas est parfois un défi, une chose est certaine : cette aventure-là, ils la vivront jusqu’au bout. Ensemble.
🎥 Voir la vidéo : 298 – Je ne suis pas du tout rassurée – Traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée
7h30. Les filles sont déjà debout, et leurs tentes sont rangées. Pourquoi ? Parce qu’elles veulent lire. Oui, démonter tout leur campement juste pour pouvoir lire plus vite. Virginie, emmitouflée dans sa laine, part chercher des pains au chocolat, pendant que Benoît râle gentiment : « On pourrait presque se passer de toi. » L’ambiance est joyeuse, un peu moqueuse, comme souvent après une bonne nuit de sommeil.
La journée commence doucement, on marche dans la fraîcheur matinale. On est à environ 75 km de Nice, et l’objectif du jour est Saint-Sauveur-sur-Tinée, soit 15 km plus loin. Le sentier longe la route un moment, puis s’engage dans un vieux chemin presque oublié, envahi par la végétation et les toiles d’araignées. Olivia fait l’éclaireuse et dégage la voie avec ses bâtons. Yoko, elle, grimpe dans les bras de Virginie pour franchir les branches basses.
Une des filles lâche, mi-fatiguée, mi-philosophe : « Mais je comprends pas pourquoi on monte alors qu’on descend vers la mer. » Effectivement, ça grimpe pas mal aujourd’hui, alors qu’on s’attendait à une étape plutôt plate. La récompense : de magnifiques vues sur la vallée, des chemins silencieux, et même un glissement de terrain spectaculaire sur une ancienne route. On est seuls au monde, entre nature sauvage et routes oubliées.
À midi, on cherche un coin d’ombre. On s’installe… mais pas pour longtemps. Virginie remarque un gros rocher instable au-dessus de notre tête. Pause écourtée. « Je veux pas finir écrasée par une montagne. » Elle a peut-être raison.
La chaleur monte, les jambes tirent, mais on avance. On retrouve le GR5 en arrivant à Saint-Sauveur-sur-Tinée. Et là, divine surprise : un gîte d’étape réservé aux randonneurs sans véhicule. C’est ouvert, il y a de la place. Après 28 nuits sous la tente, on s’offre une nuit au sec, dans des draps, avec de l’eau chaude. Les filles sautent de joie (et dans la douche).
L’appartement est simple mais confortable : trois lits, un coin cuisine, une petite terrasse avec vue. Tout le monde s’installe, rit, savoure ce petit luxe inattendu. Virginie prépare un café. Olivia se cache sous un lit pour lire tranquille. On sent la fatigue, mais aussi la fierté d’être arrivés jusqu’ici. La Méditerranée n’est plus très loin.
🎥 Voir la vidéo : 300 – C’est quoi ces enfants mal élevés – Traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée
Après une nuit dans un vrai lit – le premier depuis 29 jours sous tente –, tout le monde se réveille reposé. Même si, à 2 mètres dans un lit de 1,90 m, Benoît avoue avoir dormi un peu plié. Mais la douceur d’une douche chaude et un petit-déjeuner copieux effacent vite les raideurs matinales. C’est reparti pour une nouvelle journée, direction Roussillon.
Le moral est au beau fixe. Le corps a pris le rythme. Les jambes avancent toutes seules. Et l’objectif se rapproche : dans 4 jours, on touche la mer. À ce stade, chaque pas est chargé d’émotion. L’idée d’une fin proche flotte dans l’air, même si on essaie de savourer l’instant présent. La chaleur est bien là, le soleil tape fort, mais l’enthousiasme ne faiblit pas.
La route est belle, parfois déserte, parfois chaotique. D’anciennes départementales abandonnées, des pierres effondrées, des vallées silencieuses : les Alpes Maritimes ont ce charme brut et un peu sauvage. Et cette question qui revient : que deviendront ces villages dans quelques années, si les éboulements se multiplient ?
En chemin, les enfants chantent, grignotent des morceaux de baguette, rient. Olivia, comme toujours, lit. « Le défi du mois ? Trouver un moment où Olivia ne lit pas », ironise Benoît. Et pourtant, ce mois de randonnée leur a déjà tant appris. Savoir monter une tente, démonter un bivouac, gérer son sac, son rythme, sa fatigue. « À 18 ans, je ne savais rien de tout ça. Elles, elles savent. » C’est une vraie leçon de vie.
Pause bien méritée dans une auberge pizzeria à Marie. On sirote un café, une crêpe, un Coca bien frais. Les filles profitent du calme. Puis, on repart. Virginie part en stop avec les deux petites pour aller chercher les clés du gîte communal de Roussillon, pendant que les deux grandes filent en avant. Benoît, lui, termine les derniers kilomètres seul, les sacs pleins de courses.
Une arrivée en ordre dispersé, mais réussie. Tout le monde se retrouve au gîte, un petit studio simple mais efficace. Une douche, une sieste, un bon repas… et même un peu de télé française – une première depuis un mois. Les affaires sèchent partout, c’est un joyeux bazar, mais le cœur est léger.
On touche bientôt au but. Et si l’on compare les kilomètres restants avec ce qu’il reste en voiture, la tentation de se projeter est grande. Mais non. On reste dans l’instant. Encore trois jours de marche. Trois jours pour profiter pleinement de cette folle aventure en famille.
🎥 Voir la vidéo : 301 – C’est une bonne leçon ! – Traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée
Ce matin, c’est le 30e jour de marche. Les sacs sont prêts, le studio est balayé (merci Benoît), et les filles reprennent le rythme. Pas de chambre, mais quatre couchages improvisés, une petite cuisine avec bouilloire – le luxe ultime pour un bon café. Tout le monde a bien dormi malgré l’animation du village la veille. C’est reparti.
Le programme : quitter la route, grimper jusqu’à Levens, et retrouver le GR5 pour les deux derniers jours. Une montée de 5 à 6 km nous attend, mais on en a vu d’autres. Et puis, il faut bien terminer cette aventure là où elle a commencé : en pleine nature, loin de l’asphalte.
Petit imprévu : des tunnels dangereux obligent à revoir l’itinéraire. Heureusement, la mairie nous propose gentiment de nous déposer plus bas pour éviter la portion critique. On accepte avec reconnaissance. Comme souvent, les rencontres humaines jalonnent ce voyage : une douche offerte, un bout de chemin facilité… L’aventure est aussi humaine que physique.
Nous grimpons ensuite le chemin de la Madone. Jolie montée, paysages secs du sud, figuiers en bord de route (pas encore mûrs !), chants des cigales… on sent qu’on se rapproche de la Méditerranée. Et puis la motivation du jour : un restaurant de sushis à Levens. Rien de tel pour faire avancer toute la famille !
Après les efforts, la récompense. Le village de Levens est charmant, la chaleur écrasante (30°C !), mais un arrêt ravitaillement et un détour à l’office de tourisme nous permettent de trouver le spot parfait pour le bivouac : les Grands Prés. À l’ombre, avec de l’eau, sur le GR5… que demander de plus ?
Cerise sur le gâteau : une chaise de camping oubliée, parfaite pour Virginie. Et un geste adorable : un marcheur croisé plusieurs fois achète des bonbons pour motiver les plus petites. Elles sont aux anges. Olivia, infatigable, retourne chercher Yoko et Sue qui traînent un peu. Elle mérite bien un bonbon, ou une ovation.
Ce soir, c’est sushi-party : rouleaux de printemps, makis, pizzas, nuggets (merci Benoît !). Tout le monde mange à sa faim. Virginie file tôt au lit, lessivée, pendant que les filles observent des chevaux plus loin dans le champ. Demain, c’est l’avant-dernier jour. On y est presque. L’émotion monte doucement.
🎥 Voir la vidéo : 302 – Que demander de plus ? – Traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée
Avant-dernier jour. La tente est encore montée, les filles traînent un peu au réveil. Yoko, en particulier, refuse de se lever. On la tire doucement de son sac de couchage, mais elle proteste. Petite scène du matin qui rappelle que la fatigue s’accumule, même pour les plus jeunes. Malgré tout, les sacs se bouclent, le camp est démonté, et c’est reparti.
Et là, moment fort : on aperçoit la mer. Au loin, comme une ligne floue sur l’horizon, mais elle est bien là. « C’est la mer, Virginie ! Tu la vois ? » Oui, c’est elle. Celle qu’on cherche depuis 29 jours. Le sentiment est fort, même si Olivia rate ce moment solennel – elle est partie récupérer son bâton oublié à la fontaine.
La montée vers le Mont Siman est douce. Le ciel est bleu, le paysage typiquement méditerranéen. On sent qu’on y est presque. 27 km nous séparent encore de Nice par le GR5. Le cœur est léger, les jambes un peu moins. On en profite pour discuter, débriefer, se souvenir. « Finalement, ce mois est passé vite », dit Virginie. Benoît, lui, n’est pas d’accord : « La mer, ça se célèbre, ça ne se banalise pas ! »
Surprise du jour : alors qu’on fait une pause à Aspremont, une habitante nous reconnaît grâce à YouTube et nous invite à planter la tente dans son jardin. Accueil chaleureux, douche offerte, carré de pelouse parfait pour le bivouac. La magie des rencontres continue jusqu’au bout.
L’après-midi se déroule entre lecture, hamac, noix fraîches, pizzas et lessive. Chacun profite à sa manière : Virginie savoure un café crème, Jill papote, les plus jeunes jouent et observent les chevaux dans le champ voisin. On sent l’émotion monter doucement.
Ce soir, c’est le dernier coucher de soleil sur les montagnes. Demain, on quitte la tente pour un hôtel. Dernière nuit sous la toile après 30 jours. Virginie confie aimer cette sensation, ce confort simple de son matelas et de son sac de couchage. C’est la fin d’une routine, d’une aventure. Et ce soir, tout le monde le sait : demain, on touche la mer.
🎥 Voir la vidéo : 303 – Virginie, je ne suis pas d’accord – Traversée des Alpes en famille du Léman à la Méditerranée
Réveil sous la pluie. Le ciel hésite, comme si lui aussi voulait qu’on prolonge l’aventure. Pourtant, on plie les tentes, une dernière fois. Les filles traînent, chipotent pour un pain au chocolat qui n’existe pas, réclament les chips de l’après-midi dès le petit-déjeuner. L’ambiance est à la fois joyeuse et nerveuse : on sait que c’est le dernier jour.
La promesse de la descente est vite contredite. Le Mont Chauve nous attend, et il porte bien son nom : la montée est raide, le soleil tape, la fatigue pèse. Et pourtant… la mer se dévoile enfin, claire et lointaine, comme une ligne d’arrivée rêvée. Jill, Yoko, Sue et Olivia avancent, chacune à son rythme, avec leurs réflexions d’enfant, leurs blessures, leurs blagues, leur courage.
Jill confie qu’elle adorait cette vie nomade, où tout tenait dans un sac. Yoko parle déjà de la prochaine montagne. Olivia, quant à elle, rêve du moment où elle pourra lire toute la journée pendant que papa retournera chercher le camping-car. Sue, toujours aussi touchante, savoure le moment même si ses pieds sont fatigués. Virginie, elle, sent déjà l’émotion monter.
L’arrivée à Nice est interminable. Le GR5 se perd entre les villas, les routes, les panneaux. Il fait chaud, il y a du monde. Les filles sont épuisées. Mais enfin, la mer est là. Le grand moment. On pose les sacs, on se déchausse. On touche l’eau. On se regarde. On l’a fait.
Et puis… une surprise inattendue. Un inconnu, ému par leur exploit, offre à nos filles un tour de parachute ascensionnel au-dessus de la Méditerranée. Une envolée, littéralement, pour fêter la fin de cette aventure. Virginie, tétanisée à l’idée de les voir voler, garde son calme. Et les filles, elles, rient, crient, profitent à fond. « Ça valait la peine de traverser les Alpes pour ça ! », entend-on.
La journée s’achève dans une chambre d’hôtel, un peu étroite, un peu bruyante, mais avec des lits propres, une douche chaude, et un petit-déjeuner à volonté le lendemain. Un luxe simple, comme une récompense douce après l’effort.
32 jours. 32 étapes. Des souvenirs pour la vie. La mer est là, mais ce qu’on emporte vraiment, c’est le chemin parcouru ensemble. Et, comme le dit Virginie : « Elle n’y est pas arrivée ? Si. Elle est arrivée là où elle voulait vraiment être : ensemble, jusqu’au bout. »
🎥 Voir la vidéo : 304 – Elle n’y est pas arrivée [Épisode final – Traversée des Alpes en famille]
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